La "french touch" s'exporte bien

La "french touch" s'exporte bien

Dans un marché international atone et resserré autour des arts du fil, la stratégie audacieuse des Français, presque seuls à proposer des créations sur d'autres segments, suscite l'intérêt des éditeurs étrangers et ouvre des opportunités de ventes.

J’achète l’article 1.5 €

Par Véronique Heurtematte
avec Créé le 16.10.2014 à 13h06 ,
Mis à jour le 23.04.2015 à 10h06

Photo OLIVIER DION

Peut-on parler d'exception française ? Alors que la plupart des grands éditeurs de loisirs créatifs étrangers se sont recentrés sur les arts du fil, délaissant les segments moins vendeurs, les Français maintiennent une production sur l'ensemble des techniques de loisirs créatifs, avec des créations originales. Conséquence de ce choix : la qualité et l'originalité de la production française suscitent un intérêt croissant chez les éditeurs étrangers et les opportunités de cessions de droits ont tendance à se multiplier. Avec la crise, des marchés s'ouvrent, comme celui des Etats-Unis, même s'il est très exigeant, souligne Pixie Shields, directrice des droits internationaux pour Marabout. "Les Américains exigent des projets sans aucun défaut, explique-t-elle. Mais quand un livre est vendu aux Etats-Unis, il est quasi assuré d'être réimprimé régulièrement pendant de nombreuses années." Marabout a pu placer récemment sur ce marché plusieurs titres dont Mon cours de crochet, Tricots pour mon bébé ainsi que les kits de broderie.

Photo OLIVIER DION

La Chine, l'Europe centrale et orientale, la Finlande, de même que le Japon font également partie des marchés en expansion. Fleurus a notamment vendu à ces derniers Douceurs et gourmandises au point de croix, en conservant le titre français. Les techniques traditionnelles, le cannage, la vannerie, et bien sûr tout ce qui touche aux arts du fil font partie des sujets qui s'exportent le mieux. Marabout vend dans plusieurs pays ses séries de livres sur la broderie. De même, LTA avec Granny folies à crocheter et 150 points de broderie. Dessain et Tolra a connu un pic des ventes en 2011 avec plus d'une vingtaine de contrats et confirme l'apparition de nouveaux marchés en Europe de l'Est et en Asie. "Pour les pays asiatiques, le style français est considéré comme chic", se réjouit Evelyne Le Bourse, directrice des droits étrangers pour Larousse et pour Dessain et Tolra.

Didier Carpentier, qui fait 90 % de créations, a établi un partenariat avec l'allemand Frechverlag, qui diffuse une sélection de son catalogue, ce dernier lui rendant la pareille sur le marché français. "On achète surtout des titres autour du papier et on vend la tradition française comme la dentelle au fuseau", précise Didier Carpentier, directeur des éditions du même nom.

LES CONTRAINTES DE L'INTERNATIONAL

Chez Marie Claire, Thierry Lamarre nuance le tableau : "On vend, mais à des conditions assez dures. Les pays achètent souvent des petits tirages. Quant à ceux qui réalisent de gros tirages, comme les Allemands, ils négocient des prix très bas." L'éditeur préfère développer les coéditions internationales et considérer les cessions comme un bonus. "On ne les prend pas en compte dans l'économie du livre au départ. C'est valorisant, mais cela mobilise du temps et de l'énergie."

Un succès national ne donne pas toujours la garantie à un livre d'attirer l'attention sur le marché international. Malgré sa popularité en France, la collection "Les intemporels" chez Flammarion, par exemple, ne trouve que ponctuellement preneur à l'étranger. "Ce sont des livres coûteux à produire et à adapter à cause des planches de patrons, explique Ryma Bouzid, responsable éditoriale au département livres pratiques. En revanche, les lectrices étrangères, notamment américaines et japonaises, sont nombreuses à acheter nos livres en français."

Il convient également d'être attentif à certains détails qui peuvent freiner la vente : par exemple, les mots en français, fréquents en broderie, sont incompréhensibles pour les étrangers. "Nous avons demandé aux éditeurs de mettre plutôt des mots en anglais que tout le monde peut comprendre", explique Marion Girona (Fleurus).

16.10 2014

Auteurs cités

Les dernières
actualités