La librairie JNF au coeur d'un conflit entre la Ville de Paris et sa société mère

La librairie JNF (c) Vincy Thomas

La librairie JNF au coeur d'un conflit entre la Ville de Paris et sa société mère

En conflit avec la Société de gestion des immeubles municipaux pour conserver ses locaux rue Visconti, JNF Productions met en avant la sauvegarde de sa librairie.

avec te Créé le 15.04.2015 à 19h12

Installé depuis 40 ans au 17-19 rue Visconti dans le VIe arrondissement parisien, JNF Productions, entreprise appartenant à Jean-Noël Flammarion, héritier du célèbre éditeur, se trouve sous le coup d'un renouvellement de bail orchestré par la Société de Gestion des Immeubles Municipaux (SGIM) qui multipliera son loyer par 6, le faisant passer de 25 000 € à 150 000 € par an.


Ces locaux accueillent entre autres, la librairie JNF, spécialisée dans les Beaux Arts et la littérature du XXe siècle et fréquentée par les galeristes, nombreux dans le quartier, et par les professeurs et élèves de l'école des Beaux-Arts. Sachant qu'elle ne pourrait survivre à l'augmentation du bail, JNF Productions tente de prendre contact avec la société d'économie mixte d'aménagement de l'Est de Paris (SEMAEST), dont l'une des missions est de sauvegarder les commerces culturels du quartier latin. Mais cet appel reste sans réponse, notamment parce que le dossier, en l'état, ne peut être transféré de la SGIM à la SEMAEST.

L'affaire prend alors une tournure politique puisque le maire du VIe arrondissement, Jean-Pierre Lecoq (UMP) a beau jeu de dénoncer les décisions incohérentes de la mairie de Paris, alors que Lyne Cohen-Solal (PS), à la fois présidente du comité de pilotage de la SEMAEST et adjointe au maire de Paris en charge du commerce, juge cette augmentation de bail totalement justifiée.

Moins d'1/6e des locaux consacré à la librairie

Le fait est que l'activité de JNF Productions ne se limite pas à la librairie, la majeure partie du chiffre d'affaires de l'entreprise est réalisé grâce au commerce de produits dérivés d'artistes - agendas, cartes postales, bijoux et tee-shirts. Or, sur les 500 m2 possédés par JNF Productions rue Visconti, seuls 60 m2 sont occupés par la librairie, le reste servant de bureaux et d'espaces de stockage pour l'activité principale de l'entreprise.

Dans ces conditions, on comprend mieux pourquoi la SEMAEST, chargée de louer à des librairies ou des maisons d'édition des locaux à des prix avantageux, ne puisse pas reprendre ce dossier tant que la librairie restera liée aux autres activités de JNF Productions.

JNF Productions refuse les négociations proposées par la SGIM

Devant le refus des modalités de renouvellement du bail par l'avocat de JNF Productions, la SGIM a proposé une négociation qui, dans un premier temps acceptée oralement, a ensuite été à son tour refusée, nous a précisé Martine Oppermann, directrice de la communication de la SGIM, ajoutant que "personne à la SGIM ne souhaite voir disparaître une librairie parisienne".

Selon elle, le prix fixé par la SGIM pour servir de base aux négociations "demeure sensiblement inférieur au prix du marché". En effet, "la proposition qui est faite porte le loyer à environ 24 €/m2/mois soit environ 300 €/m2/an pour l'ensemble, sachant que dans ce secteur de Paris le loyer des locaux commerciaux est au minimum de 500 €/m2/an et que les bureaux se louent systématiquement à plus de 600 €/m2/an..."

Les négociations ont finalement pu débuter le 22 juillet dernier, si elle devait échouer et se conclure par le départ de JNF Productions,"les bureaux, en tout ou partie, seraient transformés en logements sociaux", nous a précisé la SGIM.

15.04 2015

Auteurs cités

Les dernières
actualités