Disparition

Le monde du livre salue la mémoire d'Henri Causse, directeur commercial emblématique des éditions de Minuit

Henri Causse en juillet 2022. - Photo JP Hirsch

Le monde du livre salue la mémoire d'Henri Causse, directeur commercial emblématique des éditions de Minuit

Depuis sa disparition le 12 juillet, Henri Causse, directeur commercial des éditions de Minuit pendant près de soixante ans, fait l'objet de nombreux hommages. Le monde du livre salue son engagement dans la défense de l’édition comme de la librairie indépendante.

Par Souen Léger
Créé le 19.07.2024 à 17h00

De l'avis de plusieurs de ses anciens collaborateurs, Henri Causse, directeur commercial emblématique des éditions de Minuit, n'aimait pas occuper le devant de la scène. Une semaine après sa disparition, le 12 juillet 2024, sa mémoire est toutefois saluée par de nombreux acteurs du secteur qui honorent son action constante au service du livre.

« Dans l’ombre – qu’il affectionnait – de la rue Bernard-Palissy, il a contribué à faire de Minuit ce qu’elle est devenue : une maison unique dans le paysage éditorial, porteuse d’un projet intellectuel et littéraire engagé et toujours contemporain, décennie après décennie », confie Thomas Simonnet, directeur de Minuit où Henri Causse a œuvré à partir de 1964 aux côtés de Jérôme Lindon, puis d’Irène Lindon.

Membre fondateur de l’Association pour le Prix unique du livre (APPU) et de l’Association pour le développement économique de la librairie de création (Adelc), née en 1988, il a par ailleurs contribué de façon décisive aux débats interprofessionnels.

Une « conscience » de la profession

Son attachement à la librairie a particulièrement marqué les esprits, et le paysage de la librairie indépendante. « En suivant étroitement l’activité des librairies depuis son bureau des Éditions et en se déplaçant souvent à leur rencontre, il était un des meilleurs connaisseurs du terrain et a accompagné et encouragé les plus belles aventures de création de librairies », poursuit Thomas Simonnet dans un texte transmis à Livres Hebdo, estimant qu'« il a profondément renouvelé la relation entre les maisons d’édition et la librairie. » 

Le Syndicat de la librairie française a d'ailleurs salué sa mémoire. « Pour de nombreux éditeurs et libraires, Henri Causse était une "conscience" de la profession, animé par la défense de la création éditoriale et par la conviction que celle-ci était intimement liée au développement des librairies de création », déclare le SLF dans un communiqué paru le 18 juillet.

Dans le même esprit, Jean-Guy Boin, vice-président de l'Adelc dont il fut aussi l'un des membres fondateurs, loue « la conception très éclairée et très élégante qu'il avait du secteur du livre », rappelant qu'Henri Causse « était un amoureux de la création ».

« Minuit continue »

Parmi les créateurs d'entreprise ayant croisé sa route, Dominique Minard, gérante de La librairie, à Clermont-Ferrand, se souvient qu'il « savait tout à la fois nous secouer dans nos certitudes, nous pousser dans nos retranchements tout en demeurant bienveillant et attentif ». « Sans son engagement au sein de l’Adelc, ma librairie ne fêterait pas ses 15 ans cette année, c’est très clair », considère celle qui échangeait régulièrement avec lui.

Depuis Bordeaux, Denis Mollat, lui, honore un homme « aussi discret que raffiné, avec une clairvoyance sur le livre extraordinaire ». « Je l'ai rencontré dans les années 1980, il m'a alors appris ce qu'étaient les autres librairies, dont il avait une vision parfaite », assure le patron de la librairie Mollat et président du Cercle de la librairie. 

De son côté le patron de la librairie toulousaine Ombres blanches, Christian Thorel, se souvient d'un homme « exigeant. » « J'hésite sur les mots à employer pour qualifier une relation de presque 50 ans, se confie-t-il. Henri Causse était l'un des derniers représentants d'une histoire de l'édition qui, depuis les années 1960, aura élevé le secteur du livre, rapproché les mondes de l'édition et de la librairie. » 

Se méfiant, selon le SLF, « des titres, des honneurs ou de la médiatisation », n'appréciant pas davantage les hommages, Henri Causse aimait, selon Thomas Simonnet, « conjuguer ses phrases au présent et une par-dessus tout : "Minuit continue". »

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