24 octobre > Littérature Antiquité romaine

Caius Plinius Secundus (23-79 apr. J.-C.), dit Pline l’Ancien - afin de ne point le confondre avec son neveu et fils adoptif, Pline le Jeune (61-114) -, est l’un des écrivains romains au destin des plus singuliers. Comme celle de la plupart de ses confrères, sa vie nous est relativement mal connue. C’était un militaire, devenu haut fonctionnaire, très proche de la dynastie des Flaviens (Vespasien, ses fils Titus et Domitien), qu’il servit avec enthousiasme, saluant leur tentative de restauration d’un Etat romain discrédité par les frasques et les crimes des derniers julio-claudiens. Sa disparition, en revanche, le 25 août 79 (date traditionnellement admise), racontée en direct par son neveu qui croisait au large, est restée illustre : amiral de la flotte, Pline s’est porté au secours de ses compatriotes sinistrés par l’éruption du Vésuve, et il est mort à Stabies.

Gros travailleur, dormant peu (ainsi qu’il le confie lui-même à l’empereur Vespasien dans sa préface à son livre), Pline est l’auteur d’une œuvre considérable, dont tout ou presque est perdu. Sauf l’Histoire naturelle, la mère de toutes les encyclopédies, intégralement conservée. En 7 000 courts paragraphes ordonnés en 37 livres, l’écrivain a entrepris de dresser l’état des connaissances de son époque dans des domaines aussi variés que la botanique, la zoologie, les métaux, la pharmacologie, l’art ou les pierres précieuses.

Avec des réussites inégales : certains livres montrent trop leurs lacunes ou sont dépassés ; d’autres, en revanche, sur la zoologie, ou la peinture et la sculpture, sont encore des « mines d’or », estime Stéphane Schmitt, le pléiadiseur, voire nos uniques sources de renseignements. Erudit, Pline était un compilateur, à la manière des encyclopédistes grecs, et ne s’en cachait pas. Il cite toujours ses sources. Ce qui ne l’empêche pas, souvent, de glisser des commentaires personnels, et même de belles pages originales, dignes d’un écrivain. Il n’en avait pas la prétention. Il ne se prenait ni pour Cicéron ni pour Virgile. Il savait que son livre était juste destiné à être feuilleté, lu en diagonale. D’ailleurs, pour faciliter le parcours du lecteur, il avait rédigé un sommaire extrêmement détaillé.

Traduite en français dès la Renaissance, l’Histoire naturelle a connu une belle postérité : Buffon, puis Diderot et d’Alembert, encyclopédistes et compilateurs eux-mêmes, l’admiraient fort. Stéphane Schmitt, spécialiste de l’histoire des sciences - et de Buffon, qu’il a pléiadisé en 2002 et dont il édite les Œuvres complètes en 36 volumes -, chercheur au CNRS, nous en donne aujourd’hui, au terme d’un véritable travail de Romain, une nouvelle traduction et une édition à la fois de référence et utile à l’honnête homme. Et puis Pline, c’est bien plus drôle que Wikipédia. J.-C. P.

18.10 2013

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