Deux questions ont été abordées en priorité au congrès 2012 de l'Association des directeurs de bibliothèques universitaires (ADBU) : la place de la documentation au sein de l'université, désormais autonome, et l'évolution des métiers dans le contexte du numérique et des nouveaux usages des publics étudiant et enseignant. La loi LRU sur l'autonomie des universités étant désormais appliquée partout, et les budgets dans les mains des présidents d'université, il appartient aux services de documentation de se faire une place, et ce n'est pas toujours simple. Malgré les grands discours rassurants sur le rôle essentiel de la documentation qui n'ont pas manqué de se faire entendre à la tribune, la réalité est là : dans certaines universités, il est très difficile de se rendre visible et d'être considéré autrement que comme un service administratif. Si certains responsables de BU s'en sortent bien et se sentent soutenus par leur président, d'autres regrettent l'ancien modèle des budgets fléchés, plus stable, moins aléatoire. "La LRU permet d'arbitrer librement, notamment les budgets, constatait à la tribune Vincent Hoffman-Martinot, directeur de l'IEP de Bordeaux et référent documentation au Pres-Université Bordeaux, mais cela peut être au détriment des BU, je l'ai déjà constaté." Dans la salle, plusieurs responsables de BU se plaignaient d'avoir été éjectés du comité de direction de l'université. "On a trop tendance à nous prendre un simple service administratif et non pas pour une entité scientifique aux côtés des chercheurs", disait l'un d'entre eux. "Dans l'ensemble, les choses fonctionnent, constatait de son côté le directeur des BU de Tours, Bruno Boissavit, mais il nous faut aujourd'hui justifier de tout ce que l'on fait."
Quels profils pour les conservateurs ?
A cette nouvelle donne administrative s'ajoute une petite révolution des métiers à l'intérieur des équipes qui sont confrontées à un public de plus en plus exigeant. "Selon l'étude qui vient d'être faite à l'Enssib, il est impossible de définir le profil type du jeune conservateur", s'inquiétait à la tribune Bertrand Calenge, directeur des études à l'école des conservateurs. Le grade correspond de moins en moins à la fonction et les bibliothécaires doivent être à la fois spécialisés et polyvalents : répondre au public, maîtriser les NTIC, évaluer, faire des études de projets, gérer le personnel, etc. "On ne peut nier une certaine tension dans les équipes, reconnaissait quant à mui Bruno Van Dooren, directeur du SCD de l'université Toulouse 1-Capitole, liée notamment à l'évaluation permanente à laquelle nous sommes soumis et à des questions d'équité." Et d'insister sur le malaise de ceux qui sont en bas de l'échelle, les magasiniers en particulier, la plupart surdiplômés mais pas mieux payés pour autant, ce qui engendre souvent amertume et désintérêt. "Sans parler des quelque 25 % de contractuels dans la fonction territoriale, concluait Yves Alix, inspecteur des bibliothèques, qui voient évidemment d'un mauvais oeil leurs collègues titularisés et mieux payés." Ambiance...