On ne dira jamais assez l’importance des noms des personnages de romans. Ceux de ce livre nous mettent d’entrée de jeu l’eau à la bouche. Auguste Mars et sa sœur Césarine (14 et 7 ans, respectivement), ça commence bien, non ? Si Césarine écrivait cet article, elle ajouterait sans doute, en sus des ans, les jours, les heures et les secondes. Car les chiffres, ça la connaît, Césarine. Ça l’obsède même. Le jour où elle a été diagnostiquée "autiste", Auguste a compris "artiste". Elle est de fait l’artiste de la famille. Mieux, une artiste Asperger ! Il est vrai qu’elle est géniale, cette Césarine qui prend tout au premier degré, incapable de décrypter le moindre trait d’humour ou sentiment. Il ne viendrait à l’idée d’aucun membre de la tribu des Mars de s’apitoyer sur "la pauvre petite fille handicapée" car Césarine a de la ressource en toute occasion. Ainsi, quand il s’agit de déménager, suite au décès accidentel du père, elle affiche aussitôt le volume des paquets : 32 m3, 63 grands cartons et 37 petits. Net et sans bavures… A leur nouvelle adresse campagnarde, il va falloir se faire un nouveau trou. Mais bientôt se profile du fond des âges une énigme. Une guerre aussi secrète que millénaire se déclare entre la Confrérie et les Autodafeurs. Césarine et Auguste, en dignes héritiers de leur père conservateur à la Bibliothèque nationale, joueront un rôle de premier plan. L’enjeu ? Rien de moins que le contrôle du savoir et des livres ! Bourré d’humour et de fantaisie, ce récit d’aventures mené tambour battant est vu à tour de rôle à travers la verdeur de la tchatche d’Auguste et le pré carré rationnel du journal de Césarine. L’auteur, Marine Carteron, enseignante de son état, signe ici son premier roman. Joli coup ! Notre seul supplice, devoir patienter jusqu’au tome 2 de la trilogie.
Fabienne Jacob