Cette médiathèque en kit, qui contient une vingtaine d’ordinateurs, des tablettes, des liseuses, des ressources électroniques, des livres, des jeux de société, le tout rassemblé dans quatre malles métalliques qui se transforment en tables, a été conçue au départ par le créateur Philippe Starck pour l’ONG Bibliothèques sans frontières (BSF) afin de desservir les populations des camps de réfugiés dans les pays en guerre. Mais le dispositif a rapidement séduit les professionnels français qui y voient un outil itinérant tout indiqué pour aller au devant des personnes qui ne fréquentent pas les bibliothèques.
Calais et Metz sont les premières villes à avoir acheté chacune une Ideas box qui leur sera livrée cet été. A Paris, l’Ideas box est déployée grâce au soutien de la fondation Cultura qui s’est engagée pour trois ans sur un apport financier, des dons en nature (livres, jeux) et du mécénat de compétences, notamment pour l’animation des Ideas box. « Ce projet nous tenait à cœur car il reflète les valeurs portées par Cultura », s’est réjouie Nathalie Koschendler, déléguée générale de la fondation Cultura lors de l’inauguration de l’Ideas box à la mairie du 10e arrondissement de Paris mercredi 22 avril.
« Nous contribuons à inventer la bibliothèque du XXIe siècle, qu’elle soit virtuelle ou physique, lieu fixe ou mobile, a de son côté affirmé Patrick Weil, président de BSF. Nous avons conçu l’Ideas box pour apporter l’éducation et la culture dans les situations d’urgence humanitaire. Mais ça marche aussi en France. Pour lutter contre les inégalités territoriales, quand la bibliothèque est trop éloignée ou qu’elle est perçue comme trop impressionnante ou trop refermée sur elle-même ».
En mai et juin, l’Ideas box s’installera les mercredis et jeudis après-midi dans deux jardins du 10e arrondissement où familles, habitants du quartier et SDF se côtoient. L’opération sera pilotée par la toute nouvelle médiathèque Françoise Sagan qui ouvrira au public le 16 mai.
« C’est un nouveau défi car les usages, les publics vont être beaucoup plus diversifiés que dans un camp de réfugiés, a confié à Livres Hebdo Jérémy Lachal, directeur de BSF. Nous voyons l’Ideas box comme un outil au service d’un processus de transformation sociale. Elle nous permet d’inventer, en collaboration avec les bibliothécaires français, de nouvelles formes de médiation ».
Après Paris, l’Ideas box s’installera pendant l’été dans une banlieue sensible de la région parisienne. A partir de septembre, elle desservira un secteur rural d’Ile-de-France sous forme itinérante.
Le prix élevé de l’Ideas box, environ 45 000 euros, reste un frein pour nombre de collectivités qui seraient intéressées. Le programme national « La France s’engage » qui retenu l’Ideas box parmi ses lauréats 2015, devrait permettre à l’association de passer à une fabrication industrielle, l’objectif étant de diviser le coût par trois.
Six Ideas box sont actuellement en service dans le monde : quatre au Burundi, une au Liban et une autre en Jordanie dans quelques jours. Des Ideas box devraient être aussi bientôt installées en Australie pour les populations aborigènes, en Ethiopie pour les réfugiés somaliens et dans le Bronx à New-York.