Longtemps ignorés, dissimulés ou étouffés, les récits de personnages queers ou LGBT+ prennent petit à petit de l'importance dans la production littéraire à la faveur des changements de mentalité et de mœurs. Une demi-douzaine d'ouvrages prévus à la rentrée, dont une majorité de premiers romans, leur accordent une place de choix.
La plupart des intrigues tournent autour du rejet ou du stigmate associé à l'orientation sexuelle et au genre. Les chants du placard de l'écrivaine trans Luz Volckmann (Blast, août) témoigne ainsi dans un récit en trois temps de la relégation des personnes trans et queers par la société, considérés comme anormales. Dans Fille, femme, autre (Globe, traduit de l'anglais par Françoise Adelstain, septembre), Bernardine Evaristo présente le parcours de douze femmes dont une trans, dans une Angleterre qui ne veut pas d'elles.
Jude, le protagoniste d'Un jour, je serai trop célèbre de Raziel Raide (La belle colère, traduit de l'anglais par Patricia Barbe-Girault, octobre), se retrouve lui confronté à l'homophobie de ses camarades lycéens et de sa famille. Pour y échapper, il se réfugie dans un monde fantasmatique. De retour dans son village d'enfance, l'un des quatre protagonistes de Ohio de Stephen Markley (Albin Michel, traduit de l'anglais par Charles Recoursé, août), choisit au contraire d'affronter sa famille et entreprend de régler ses comptes avec ses proches, qui n'ont jamais accepté son homosexualité.
Découverte
Motifs de discrimination, l'orientation et l'identité sexuelle peuvent aussi, au niveau individuel, constituer un terrain d'exploration et de découverte. Dans son auto-fiction à paraître chez Noir sur blanc en août, La petite dernière, la primo-romancière Fatima Daas relate son parcours d'enfant née dans une famille musulmane pratiquante, élevée dans un environnement où l'amour et la sexualité sont tabous. A l'âge adulte, elle est remarquée pour son talent d'écriture et découvre son attirance pour les femmes.
La Britannique Kiran Millwood Hargrave traite elle aussi du lesbianisme avec Les graciées (Robert Laffont, traduit de l'anglais, août), mais dans un contexte historique plus délicat. Dans la Norvège du début du XVIIe siècle, un village de pêcheurs se retrouve presque entièrement peuplé de femmes après le naufrage des hommes partis en mer. Trois ans plus tard, le chasseur de sorcière Absolom Cornet débarque d'Ecosse avec sa femme et voit cette indépendance d'un mauvais œil. La protagoniste et l'épouse de l'intrus se découvrent petit à petit une attirance mutuelle.