L'auteure a succombé des suites d'un cancer du poumon, quatre ans après la publication de son dernier livre, le récit bouleversant de la mort de son père, qui s'est fait euthanasier en Suisse, a annoncé jeudi 11 mai à l'AFP son compagnon, Serge Toubiana, ancien directeur de la Cinémathèque française.
Emmanuèle Bernheim avait obtenu en 1993 le prix Médicis pour le roman Sa femme, chez Gallimard. Elle avait alors déjà publié deux romans, Le cran d'arrêt (Denoël, puis Gallimard) en 1985 et En couple (Gallimard) en 1988.
Avec six romans en trente ans, et toujours fidèle à Gallimard, Emmanuèle Bernheim a peu écrit mais a laissé son empreinte dans le paysage littéraire français. Son œuvre est marquée par la concision (Un couple, Vendredi soir et Sa femme font à peine une centaine de pages) et une écriture blanche qui laisse la place aux silences et aux non-dits.
"Les romans, c'est ma façon de faire des films"
Tout s'est bien passé, son dernier livre paru en 2013, raconte le suicide assisté de son père, le collectionneur d'art André Bernheim qui avait choisi de mourir après un accident vasculaire cérébral l'ayant laissé diminué. Ce récit bref, tendu comme une corde, lui vaudra les éloges de la presse. Elle se défendra de faire l'apologie de l'euthanasie. " Je voulais me "re-projeter" mon père, le filmer avec des ralentis, des travellings ", expliquait en 2013 cette passionnée du 7e art, qui a commencé sa carrière chez MK2 avant de rejoindre en 1980 les Cahiers du cinéma comme responsable des archives photo. " Quand j'ai commencé à écrire, mon influence a été le cinéma. Les romans, c'est ma façon de faire des films ", disait celle qui s'est toujours refusée à être critique malgré les encouragements de Serge Daney, grande figure des Cahiers.
Emmanuèle Bernheim a d'ailleurs aussi collaboré à plusieurs scénarios de François Ozon (Sous le sable, Swimming Pool et 5X2) et de Claire Denis (pour l'adaptation de son quatrième livre, Vendredi soir, sur la rencontre d'un homme et d’une femme dans un embouteillage).