25 mai > Récit France

La collection "Démarches" inaugurée en 2013 par Paulsen avec Immortelle randonnée de Jean-Christophe Rufin, et qui a accueilli récemment En passant (vite fait) par la montagne de Dominique Fabre et Jungle de Miguel Bonnefoy, offre à des écrivains la possibilité de faire un pas de côté, le temps d’escapades littéraires plus ou moins aventureuses. L’été 2015, la psychanalyste Marie-Magdeleine Lessana s’est lancée dans un tour de France par les côtes, inspiré par La longue route de sable de Pier Paolo Pasolini, arpentant l’Italie des bords de mer en 1959. Elle qui a grandi près de la Méditerranée attaque son périple par la côte nord. Elle est en voiture et, pour le premier week-end de repérage, accompagnée par une amie, à la recherche de ce que les limites maritimes d’un pays peuvent dire de lui.

En suivant la mer se lit comme un journal de bord, égrainant les noms de lieux, de Calais à San Sebastian puis de Portbou à Menton. Un road-trip entre landes désertes et plages bondées, petits restaurants de bord de mer et hôtels impersonnels de périphérie. Dans une alternance de beautés et de laideurs. Elle y consigne des moments de paix, d’ennui, d’angoisse, de joie intérieure aussi. "Ma joie m’étonne, elle est celle des absences qui ne sont pas abandon. Elle est très personnelle, celle de la liberté." Partir, rester, son voyage a les oscillations d’un ressac. Ni vacancière, ni touriste, Marie-Magdeleine Lessana peint cet état de disponibilité, de décalage, lié à la solitude, à la fatigue de la route, à une forme de timidité, à la présence distante des proches qui s’inquiètent ou pour lesquels on s’inquiète. Les oreilles ouvertes autant que les yeux, recueillant bribes de conversations, scènes d’été ordinaires, elle se laisse aussi parfois envahir par le sentiment de "participer à une fête commune". "Une envie de danser". "Recevoir l’afflux de pensées qui collent à l’esthétique de la sensualité du lieu sans intentions", note-t-elle à Fécamp. Puis ce constat, hommage à la collection qui accueille ce délicat récit : "Ecrire un voyage, c’est s’apercevoir qu’écrire est un voyage."V. R.

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