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L’art dans un marché dérégulé

L’art dans un marché dérégulé

Le Bief a organisé le 31 mai une série de rencontres croisant les expériences des éditeurs français et britanniques de livres d’art, dressant un portrait quelque peu pessimiste du secteur de l’autre côté de la Manche.

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Par Anne-Laure Walter
avec Créé le 11.10.2013 à 19h48 ,
Mis à jour le 11.10.2013 à 23h52

En avril dernier, en sortant de l’exposition « Manet : portraits de la vie », qui fermait ses portes quelques jours plus tard à la Royal Academy of Art de Londres, le visiteur passant dans la librairie du musée pouvait trouver le catalogue, paru deux mois et demi plus tôt, à moitié prix. En l’absence de prix unique, c’est le sort réservé à beaucoup de livres illustrés britanniques. Le marché de l’ouvrage d’art était le sujet d’une rencontre entre éditeurs français et britanniques, organisée par le Bureau international de l’édition française (Bief) le 31 mai, en ouverture du 3e Festival de l’histoire de l’art de Fontainebleau.

Six éditeurs britanniques avaient fait le déplacement : V & A Publishing et Tate Publishing qui traduit beaucoup les livres d’art jeunesse français ; Thames & Hudson, l’un des éditeurs anglais qui traduit le plus du français ; Reaktion Books et Intellect Books dont les catalogues se centrent sur les essais d’art, et Paul Holberton qui représente une production illustrée plutôt classique.

Les situations de la filière sont assez proches. Comme en France où il a progressé de 30 % l’an passé, « le secteur le plus sain de l’édition d’art est le catalogue de musée », précise Michael Leaman, à la tête de Reaktion Books, qui a dressé un tableau pessimiste du marché anglais. « La place accordée aux livres d’histoire de l’art dans les rayonnages des librairies diminue ; le nombre de lieux comme les librairies de musées à posséder de grosses sections livres d’art s’effondre au profit de boutiques vendant des gadgets et produits dérivés, poursuit-il.Ce qui est paradoxal puisqu’il y a de plus en plus d’intérêt pour l’art et de plus en plus de visiteurs pour les expositions. » Actuellement, l’exposition « David Bowie is » au V & A ne désemplit pas. Les ventes de livres d’art basculent majoritairement sur Internet. De plus, des librairies unimarques comme celles de Taschen ou, sur Internet, de Phaidon organisent un système parallèle qui casse les prix. La dérégulation du marché outre-Manche l’a complètement déstabilisé en cette période de crise. Chez Thames & Hudson où la moitié des titres sont destinés à une vente à l’étranger, la librairie anglaise n’est plus « le partenaire exclusif » des éditions, selon son éditeur, Philip Watson, et cette assise internationale via l’export et les coéditions permet à la maison de maintenir l’équilibre. Car il reste 1 028 librairies indépendantes au Royaume-Uni, soit 7 % de moins que l’an passé et 30 % de moins qu’en 2005. « Il n’y a plus beaucoup de librairies spécialisées. Le marché du livre d’art baisse de plus en plus et on retrouve ces ouvrages surtout dans les musées et galeries qui jouent un rôle essentiel pour découvrir des nouveautés de petits éditeurs. Car il est impossible sur Amazon de trouver ce qu’on ne cherche pas ! » A.-L. W.

11.10 2013

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