La journaliste Laurène Daycard signe un essai riche de plusieurs années de reportages et d'enquête sur les féminicides. Empruntant à la fois le style direct du témoignage, la synthèse, l'analyse journalistique et le récit intime, elle retrace une histoire contemporaine des meurtres qui visent les femmes, majoritairement commis par leurs conjoints ou ex-conjoints. Elle introduit l'ouvrage par des cas de féminicides sur lesquels elle a travaillé parfois pendant plusieurs années. Parmi eux, celui de Géraldine Sohier, qui a été tuée par son ex sous les yeux de leur fille en 2016. Quelques mois après sa mort, la journaliste rencontre la mère de la victime, et plus tard, l'une de ses filles. Elle relate, en creux, le détail de ses enquêtes : ses recherches, parfois vaines, les interactions avec les membres de la famille ou des institutions, les procès auxquels elle assiste, ainsi que les réunions organisées dans le cadre d'une justice restaurative afin de « soigner » les agresseurs en leur faisant prendre conscience de leurs responsabilités et de leur misogynie. Laurène Daycard décrit également le poids de ce travail au quotidien, l'investissement émotionnel qu'il représente mais aussi la nécessité, par ce travail, de réparer en soi une expérience vécue qui fait écho à ce sujet d'enquête.

Pour qu'aucun journal ne puisse encore écrire « rien ne laissait présager le drame » à propos d'une affaire qui reflète non uniquement un fait isolé, classé dans les faits divers, mais un phénomène de société qui fonctionne comme un système.