Né le 24 mars 1927 à Wasserburg, Martin Walser, romancier, nouvelliste et auteur de pièces, mêlé à de nombreuses polémiques du fait de ses prises de position sur le passé nazi, est décédé vendredi 28 juillet à Überlingen.
Après des études de littérature, d'histoire et de philosophie, il obtient en 1950 un doctorat en présentant une thèse consacrée au travail de Franz Kafka. Son premier roman, Ehen in Philippsburg, abordant l'identité de la classe moyenne ouest-allemande, est publié en 1957. Moins notoires que Günter Grass ou encore Heinrich Böll, Martin Walser est tout de même consensuellement reconnu dans son pays comme l'un des romanciers majeurs de l'après-guerre. Il a, notamment excellé dans la description des microcosmes petits-bourgeois, dont il est lui-même issu.
Débat de fonds sur le travail de mémoire
A l'occasion de sa réception du Prix de la paix des libraires allemands 1998, l'auteur disparu fait scandale en expliquant dans son discours en avoir assez de la « représentation permanente » du passé nazi. Il déclenche un débat de fond en Allemagne sur le travail de mémoire des horreurs du IIIe Reich. Accusé de vouloir refouler le passé nazi, il s'en défendait mais affirmait qu'une répétition constante des représentations de ces crimes en banalisait l'horreur. Des documents du fichier central du Parti nazi font état de son adhésion à ce dernier en janvier 1944 et il fut soldat dans l'armée allemande.
- Quadrille à Philippsburg (Plon, 1959). Premier roman de Martin Walser, il a été couronné par le prix Hermann-Hesse 1957. Le jeune Hans Beumann quitte la campagne pour tenter sa chance dans la ville de Philippsburg.
- Mort d'un critique, traduit de l'allemand par Sylvie Taussig (édition des Syrtes, 2006). A la mort d'André Roi-Desaulneurs, le pape de la critique (en filigrane, Marcel Reich-Ranicki, critique littéraire le plus connu d'Allemagne, juif rescapé du ghetto de Varsovie), Jean Ris est accusé de l'avoir assassin. En effet, le critique a éreinté son dernier roman, cependant on ne retrouve pas le corps. C'est un voisin de Ris, lui-même auteur, qui mène l'enquête parce qu'il veut se convaincre de l'innocence du romancier.
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Un Cheval qui fuit, traduit de l'allemand par Bernard Kreiss (Gallimard, 1980). Un couple, Sabine et Helmut, passe ses vacances sur les bords du lac de Constance. Il rencontre un jour un jeune homme qu'Helmut prend pour un de ses anciens élèves, accompagné d'une fille. Mais ce personnage, Kurt, est en réalité un de ses anciens camarades de lycée. Helmut se laisse entraîner dans une série de promenades et d'excursions en bateau par cet homme qu'il méprise et jalouse en secret.
- Histoires pour mentir, nouvelles traduites de l'allemand par Anne Gaudu et Raymond Barthe (Gallimard, 1971). Ces nouvelles sont extraites de deux recueils parus en Allemagne en 1955 et 1964. Ce sont des contes fantastiques qui se placent dans le sillon de Franz Kafka tout en se rattachant au grand fond du romantisme allemand.
- Une Source vive, traduit de l'allemand par Evelyne Brandts (Robert Laffont, 2006). Une autobiographie romancée, ouvrant une page non écrite de l'histoire allemande : Johann a six ans quand Hitler devient chancelier et dix-huit ans lors de la capitulation. Il passe son enfance à Wasserburg, sur le lac de Constance. La famille possède une auberge. Le père est un lettré, un rêveur épris de liberté, un bâtisseur de châteaux en Espagne...
- La Licorne, traduit de l'allemand par Magda Michel (Gallimard, 1969). Ancien homme d'affaires, rédacteur publicitaire, conférencier, Anselme Christlein, quadragénaire, se lance dans la rédaction d'un livre. Une éditrice lui commande un nouvel ouvrage sur l'amour. Elle le rétribue mensuellement mais finit par ne plus se satisfaire de l'évocation du passé dans le manuscrit en cours d'écriture. Elle souhaite des histoires récentes. Elle se met alors à contribuer indirectement à la rédaction de ce roman. L'auteur provoqué part à a quête d'aventures, de performances, voire de corvées amoureuses par nécessité professionnelle.
- Chêne et lapins angora, pièce de théâtre traduite de l'allemand par Gilbert Badia (Gallimard, 1968). Un éleveur de lapins angora, Aloïs, déporté comme communiste, ayant servi de cobaye à un médecin SS qui l'a littéralement châtré, corps et âme, devient rapidement un témoin gênant après la guerre.