ALLEMAGNE

Dans son mensuel de mars, notre confrère allemand Buchreport présente son classement annuel des cinquante premières librairies de l'espace germanophone. En apparence, rien n'est profondément modifié : l'enseigne Thalia (294 magasins) et les librairies de la holding DBH (450 magasins) dominent le classement avec respectivement 1 015 et 720 millions d'euros de chiffre d'affaires réalisé en 2011.

Mais l'impression générale qui se dégage du tableau n'est pas très encourageante pour l'activité de la librairie traditionnelle. La majorité des chaînes et des librairies stagnent dans leur activité (Mayersche, Schweizter Fachinformation, ou Dussmann) et près d'une vingtaine enregistrent un recul. Dans le peloton de tête, c'est notamment le cas de DBH (- 1,5 %), Libro (- 1 %) ou de la chaîne de grands magasins Kaufhof (- 6 %). Certaines tirent leur épingle du jeu : la chaîne suisse Orell Füssli enregistre une hausse de 7,9 %, à 97 millions d'euros ; les librairies Osiander progressent de 6,2 %, à 53,1 millions d'euros ; et la chaîne suisse Lüthy, Balmer, Stocker progresse de 9,8 %, à 47 millions d'euros. Fragilisés par les bouleversements que connaît la profession (les ventes par Internet et le livre numérique), les libraires commencent à s'interroger sur l'utilité de consacrer la totalité de leur espace au seul produit livre. D'autres secteurs d'activités, notamment le jouet, commencent à y faire leur entrée.

La chaîne Thalia a fait cette analyse. Après des années d'expansion tous azimuts, concrétisée par des créations et des agrandissements de lieux, la filiale de la holding Douglas a engagé un plan de restructuration passant par l'ouverture d'enseignes ne dépassant pas 600 à 800 m2 et par l'élargissement à d'autres offres que le livre. En attendant un autre sort ? Car la rumeur est toujours persistante d'une cession de Thalia, qui reste un "enfant à problèmes" pour son propriétaire, le parfumeur Douglas. La situation est aussi préoccupante pour DBH, holding détenue à égalité par les librairies Hugendubel de Munich et par le groupe Weltbild, qui devrait être "lâché" par l'épiscopat allemand, son propriétaire, qui s'est récemment offusqué des publications qualifiées de "pornographiques" vendues sur le site du groupe.

Quel que soit le sort réservé à ces deux chaînes majeures, le paysage de la librairie allemande, malmenée, devrait connaître cette année de profondes mutations.

09.02 2015

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