Dans une brasserie à la mode de Bristol, une femme d’une soixantaine d’années, Jacqui Kitson, jette un verre de vin rouge au visage d’un homme vêtu d’un anorak North Face. Ce dernier n’est pas un inconnu des lecteurs de Mo Hayder, qui le suivent pas à pas depuis Birdman (Presses de la Cité, 2000, repris en Pocket). Membre en civil de la brigade criminelle de la ville, le commissaire Jack Caffery a 42 ans.
Impossible pour lui de dire à Jacqui Kitson ce qu’il sait sur sa fille Misty. Un mannequin junkie, épouse d’un footballeur, qui a disparu du jour au lendemain. Car Caffery protège du mieux qu’il peut sa collègue Flea Marley, sergent dans la brigade de recherche et d’intervention subaquatique, qui se remet d’une explosion survenue dans un tunnel. Explosion qui lui a valu des blessures musculaires à la cuisse et un tympan crevé. Laquelle Flea fait seulement son entrée à la page 86 de Fétiches. Un roman noir corsé qui permet au lecteur de visiter également un établissement psychiatrique de haute sécurité de la ville où il se passe de drôles de choses.
Mosh, l’un des patients, s’est arraché un œil avec une cuillère. Puis le corps d’une autre pensionnaire, Pauline, a été retrouvé décomposé sous une couche de feuilles mortes au fond du parc. Zelda, enfin, est elle aussi passée de vie à trépas. AJ, ancien infirmier devenu coordinateur des lieux, croit à la thèse du fantôme tant les phénomènes anormaux se multiplient, tout comme les coupures de courant…
Toujours aussi à l’aise pour plonger dans les ténèbres et sonder les fêlures de ses héros, Mo Hayder poursuit de belle manière une série romanesque entamée avec Rituel (Presses de la Cité, 2008, repris en Pocket), puis poursuivie avec Skin (Presses de la Cité, 2009, repris en Pocket) et Proies (Presses de la Cité, 2010, repris en Pocket). Avec ses accents fantastiques et ses intrigues secondaires qui contrebalancent les aventures de Caffery et Marley, Fétiches se révèle un excellent cru.
Al. F.