Clotaire, tout petit bonhomme au nez proéminent, vit peinard dans sa maison creusée dans la banquise. De caractère placide, solitaire et un brin pataud, il s'adonne à la contemplation, au sport et à la peinture et semble apprécier le silence des pôles.

Un jour Ding Dong, on sonne à la porte. Qui cela peut-il bien être ? se demande-t-il, pris d'une légère panique. L'intrus n'est autre que Nine, une congénère bloquée par la tempête et qui demande l'hospitalité. Au début Clotaire éprouve un léger malaise face à son invitée surprise qui ne peut remettre le nez dehors tant le blizzard fait rage. Au moment de partager le même lit, la gêne s'installe... Le lendemain, ils semblent heureux et s'adonnent au plaisir des jeux partagés. Hélas, le bonheur, comme chacun sait, est de courte durée. Nine doit rentrer chez elle et le pauvre Clotaire, esseulé et inconsolable, se souvient des jours heureux.

Cet album ne vaut pas tant par l'histoire certes mignonne qu'il met en scène que par le dispositif narratif qu'il met en place. L'histoire est racontée non pas à travers un récit mais à travers un mot unique par page et illustré par une image. Par exemple la page du mot « contemplation » montre Clotaire de dos en train d'observer le paysage de la banquise. Ainsi défile toute la gamme des sentiments qui traversent notre Clotaire, de la solitude initiale au béguin final. Parmi nos pages préférées, on compte celle dédiée à la pudeur qui montre le couple sagement installé dans un lit et celle du mot « invasion » où l'on voit Nine devant la brosse à dents de Clotaire. Bien vu !