13 février > Roman France

J.M. Erre- Photo PHILIPPE MATSAS/OPALE/BUCHET-CHASTEL

Tous les deux ans depuis 2006 (et Prenez soin du chien) et chez le même éditeur, Buchet-Chastel, J. M. Erre régale ses fans d’un roman aussi subtil que bien construit, haletant qu’érudit, qui détourne les codes de genres populaires que l’auteur affectionne. Avec ce réjouissant La fin du monde a duretard, c’est le thriller ésotérique, façon Dan Brown, qui se voit francisé, parodié, dynamité par un écrivain virtuose et farfelu.

C’est l’histoire d’un drôle de couple, lancé dans une longue course-poursuite, depuis qu’il s’est échappé de l’asile psychiatrique du bon docteur Mendez, victime par ailleurs d’une violente explosion. Julius, le sniffeur de Nespresso, tout petit (1,51 m) mais grand paranoïaque et en partie amnésique, est persuadé qu’une organisation terroriste, l’ordre de Tirésias, ourdit un gigantesque complot visant à détruire l’humanité. Rien de moins. Sa compagne de cavale, Alice, est, elle, totalement amnésique. Elle a été retrouvée errante le jour même de son mariage, après une explosion inexpliquée qui a tué les 262 invités de la noce.

A leurs trousses, des paparazzis, des gangsters et un tandem de policiers impayables : le vieux commissaire Joseph Gaboriau, dépressif et misanthrope, lecteur de Cioran (cause ou conséquence ?), mais consciencieux. A trois jours de prendre sa retraite, il va quand même faire son boulot. "Assisté" par Matozzi, un jeune lieutenant bête et méchant, arrogant et dyslexique, qui rêve de prendre le fauteuil encore tout chaud de son chef. Bien qu’ils aient une longueur de retard durant toute l’affaire, les Pieds Nickelés finiront par arriver à temps et résoudre l’énigme.

Au fil des épisodes, enlevés et déjantés, on rencontre aussi Ours, le meilleur pote de Julius, un gros geek crado ; King Chewbecca, un hacker obèse et trouillard ; Carlos Marxos, un ancien cadre réfugié dans les égouts de Paris depuis le 20 décembre 2012, en compagnie d’autres cinglés de l’Apocalypse. On crapahute dans les catacombes, sur les toits, dans l’église Saint-Théodule, pour finir au siège des éditions Tirésias, éditeur du Codex de Tirésias, lequel donne justement un cocktail pour le lancement de ce futur best-seller. Le patron, Charles Tirésias, serait-il le grand maître de cet ordre que Julius pourchasse ? Mais alors, qui est responsable de la terrible explosion qui ravage l’immeuble ?

On laissera le lecteur en plein suspense, fruit de l’imagination débridée d’un auteur en folie, qui manie comme personne l’humour à froid et s’amuse de son propre livre tout en l’écrivant. J.-C. P.

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