David Diop entouré de lycéens à l'Elysée. - Photo Claude Combet/LH
Le Goncourt des lycéens à l’Elysée
David Diop a reçu son prix dans les salons de l’Elysée, en présence des lycéens, des ministres Jean-Michel Blanquer et Franck Riester, et de Bernard Pivot. Tandis qu’Emmanuel Macron a clôturé la cérémonie par un discours.
"Le Goncourt des lycéens depuis trente ans a montré son originalité, sa force et sa capacité de prescription. C’est le prix qui apporte le plus de lecteurs" a déclaré Emmanuel Macron, président de la République dans son discours lors de la remise du 31e Goncourt des lycéens à David Diop pour son livre Frère d’âme, paru au Seuil. "Participer à un prix forge les individus", a-t-il affirmé aux lycéens réunis à l’Elysée, pour l’occasion, en présence du ministre de l’Education nationale et de la jeunesse, Jean-Michel Blanquer, du ministre de la Culture, Franck Riester, et du directeur général du groupe Fnac Darty, d’Enrique Martinez, coorganisateur du prix avec le ministère de l’Education nationale. Ceux-ci avaient assisté à la remise du prix et à une rencontre animée par Bernard Pivot dans les salons présidentiels.
Une écriture "inouïe, originale, surprenante"
"L’empreinte que vous laissez, en revisitant un grand moment de notre histoire commune, en lui offrant un regard croisé entre la France et l’Afrique. Il n’y a qu’une chose, c’est le style, cette musique, c’est la littérature", a-t-il déclaré à David Diop. Une écriture que Bernard Pivot avait qualifiée un peu plus tôt d'"inouïe, originale, surprenante", traitant l’auteur de "musicien des mots". Mettant à l’honneur les lycéens qui lui ont décerné le prix, David Diop a remercié: "Etre choisi par des esprits jeunes, c’est très marquant et très fort parce que vous êtes à un âge où vous ne faites pas de concession et où vous dites ce que vous pensez. Vous me donnez l’occasion de recevoir ce prix au palais de l’Elysée, c’est extraordinaire".
Hugues Jallon, Henrique Martinez, David Diop, Bernard Pivot, Jean-Michel Blanquer et Franck Riester.- Photo CLAUDE COMBET/LH
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Tandis que son éditeur, Hugues Jallon, président des éditions du Seuil, déclarait ensuite à Livres Hebdo: "Nous sommes très heureux parce que le Goncourt des lycéens a récompensé un texte fort, littéraire. C’est un prix de la jeunesse qui distingue une maison d’édition qui a fait le pari de publier de nouveaux auteurs comme Cloé Korman, David Lopez, Edouard Louis, qui ont été les gros succès de ces dernières années et dessinent une cohérence: le Seuil est une maison jeune, c’est ma conviction."
"L’Elysée pour la 30e, je me demande bien ce qu’ils vont trouver pour la 50e. C’est un grand honneur pour la littérature", avait souligné une heure auparavant Bernard Pivot, lors de la rencontre avec trois anciens lauréats du prix, racontant chacun comment il l’avait accueilli, "persuadé qu’il ne l’aurait pas".
Luc Lang, lauréat 1998, a avoué: "Je ne pensais pas que les lycéens puissent aimer un livre aussi trash que celui-ci." "Plus que la rencontre avec les écrivains, ce qu’apporte le prix, c’est le pouvoir de débattre ensemble", a souligné Catherine Cusset, lauréate 2008. Tandis qu’Eric Orsenna, gagnant 1988 ("1888", a plaisanté Bernard Pivot) clamait "Lisez Ça raconte Sarah, c’est magnifique", en brandissant le livre.
Emmanuel Macron a aussi souligné la résonance du livre de David Diop qui met en scène un soldat sénégalais précipité dans la violence de la Première Guerre mondiale, et les célébrations auxquelles le président a participé la semaine dernière. Ce qu’une lycéenne avait récusé quelques instants plus tôt. "Notre choix n’a pas été dicté par l’actualité. C’est en sortant après avoir voté, qu’on s’est dit 'c’était la commémoration'. On ne peut pas s’appuyer sur ça et élire un livre qui met en scène les femmes le jour de la femme", s’était-elle exclamé. "Je remercie cette lycéenne pour l’intelligence de sa réponse", lui avait répondu David Diop.
La soirée fut aussi pour Emmanuel Macron de rappeler "la bataille autour des droits d’auteur au niveau européen". "Dans un monde où vous échangez des contenus avec vos téléphones et pensez que toutes les paroles se valent, il y a des paroles d’auteur. L’auteur est celui qui a l’autorité, celui qui créé, celui qui se distingue. Reconnaître la place des auteurs est un combat au cœur de la tâche du ministre de la Culture. Ce que nous avons fait au niveau européen avec le fameux copyright". Tandis que fidèle à lui-même, il concluait sur la littérature: "Il n’y a rien de plus beau, de plus grand que la littérature. Elle relève de l’insondable, de l’indicible et de ce qui apparaît comme l’irréconciliable."
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Par
Éric Dupuy
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