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Le Grand Bivouac : « La Librairie des Bauges a ouvert les vannes de la fiction »

Pour organiser le salon du livre du Grand Bivouac, l'équipe de la librairie - 6 collaborateurs - se divise en deux parties, l'une anime la surface de vente, l'autre se charge de la programmation. - Photo La Librairie des Bauges

Le Grand Bivouac : « La Librairie des Bauges a ouvert les vannes de la fiction »

Organisé par la Librairie des Bauges, le Salon du livre du Grand Bivouac, qui se déroule du 16 au 20 octobre à Albertville en Savoie, proposera une sélection éclectique pour creuser la réflexion autour de la thématique « Fureur de vivre ». Ses têtes pensantes, les libraires Thomas Berrond et Lydie Cliquet, répondent aux questions de Livres Hebdo.

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Par Élodie Carreira
Créé le 14.10.2024 à 14h47 ,
Mis à jour le 15.10.2024 à 09h56

Livres Hebdo : Créé en 2002 par le journaliste Guy Chaumereuil, le Grand Bivouac est d’abord un festival du film documentaire. Depuis quelques années, la manifestation accorde néanmoins une place de plus en plus importante au livre. Comment expliquez-vous ce virage ?  

Thomas Berrond : À l’origine, le festival, qui fête cette année sa 23ᵉ édition, est avant tout un rendez-vous dédié au voyage d’aventures et de découvertes. À ses débuts, les explorateurs conviés s’y rendaient, entre autres, pour projeter leurs aventures. Ces dernières années, la librairie des Bauges a grandi avec la manifestation.

« Ici, nous sommes seuls aux commandes »

À l’époque, mon prédécesseur ne disposait que d’un petit stand autour des récits de voyage. Au fil du temps, l’équipe de l’organisation a voulu donner de l’envergure au fonds sélectionné. Après ma première participation au festival en 2016, j’ai repris la librairie et les organisateurs m’ont partagé leur volonté de mieux intégrer le livre à la manifestation, pour donner à ses participants quelque chose de plus dense et de plus culturel.

Quel rôle joue désormais la librairie des Bauges au sein de la manifestation ?

T.R. : En 2018, nous avons commencé à élaborer un salon du livre digne de ce nom. Le chiffre d’affaires a alors doublé, passant d’environ 37 000 euros à 59 000 euros hors taxes. L’année dernière, nous avons même réalisé un chiffre de 98 000 euros en trois jours.

Lydie Cliquet : En général, les festivals autour du livre accueillent plusieurs librairies qui se partagent le fonds disponible et les auteurs. Ici, nous sommes seuls aux commandes. Nous avons à la fois une mission de programmation dans le festival et une mission unique d’organisation du salon du livre. Visionner la centaine de films présentés nous permet d’affiner notre offre littéraire, d’apporter des réflexions approfondies sur chaque production, avec des ouvrages offrant d’autres clés de compréhension. Plusieurs d’entre eux sont à retrouver sur une immense table intitulée « Pour aller plus loin ». Nous sommes aussi en lien avec les animateurs de séances, qui disposent d’un encadré « Le mot du libraire » renvoyant les festivaliers vers d’autres pistes littéraires à retrouver sur notre salon.

Le livre est-il désormais devenu aussi important que le documentaire pour les festivaliers ?

T.R. : Aujourd’hui, le livre n’a pas encore la même place que le film, mais il représente une part indéniable, c’est certain. Au total, 1 000 références sont commandées et une quinzaine d’éditeurs sont invités. Les festivaliers sont d’ailleurs très friands de cette offre complémentaire ! D’autre part, l’importante fréquentation de la manifestation – environ 30 000 entrées par an – et le développement du livre nous ont permis d’être repérés par le Centre national du livre (CNL). Depuis maintenant deux ans, l’établissement nous a intégrés à un dispositif tremplin.

« La caméra, comme la plume, sont ailleurs et racontent ce qu’il s’y passe »

Avant cette aide, le salon était une perte financière énorme puisque mon prédécesseur devait supporter tous les frais, de l’hébergement des auteurs au chapiteau qui accueillait le salon. En totalité, les coûts s’élevaient à une dizaine de milliers d’euros. Mais cette année, outre le CNL, la ville nous donne également accès à un gymnase.

L.C. : Depuis l’intervention du CNL, nous pouvons également rémunérer les auteurs au tarif de la charte, ce qui était, auparavant, difficilement soutenable.

Cette année, la thématique annoncée s’intitule « Fureur de vivre ». Comment va-t-elle s’illustrer sur le salon du livre ?

L.C. : Le Grand Bivouac a longtemps eu l’étiquette de festival de montagne ou de voyage. Mais la posture a changé. Avant, la figure de l’explorateur voyageait pour nous raconter ce qu’il avait vu. Aujourd’hui, de plus en plus de réalisateurs et d’auteurs sont étrangers et parlent d’eux. La caméra, comme la plume, sont ailleurs et racontent ce qu’il s’y passe. Côté livre, nous souhaitions prolonger cette ligne-là et prendre le monde à témoin. En cela, la librairie a ouvert les vannes de la fiction. Le salon du livre a donc sa propre thématique intitulée « Veines d’écrivaine », l’idée étant de faire voir, au travers de plumes féminines ou de récits de destins de femmes, une certaine fureur de vivre.

Quels seront donc les temps forts de cette nouvelle programmation ?

L.C : Cette année, 90 % des rencontres se feront au salon et les plateaux d’auteurs aborderont des problématiques très littéraires. Des focus mettront l’accent sur l’une d’entre elles comme la temporalité de l’information avec le chroniqueur et reporter Pierre Haski, auteur d’Une Terre doublement promise (Stock). Autre nouveauté de cette 23e édition : trois matinées, du vendredi au dimanche, seront dédiées à l’intervention de trois autrices. L'une d’entre elles, intitulée « Le vivant, corps à corps », réunira Clara Arnaud, Lune Vuillemin et Valentine Goby.  Il y aura aussi des rencontres originales comme celle du physicien Étienne Klein, auteur de la BD L’éternité béante (Futuropolis) ou celle de Delphine Minoui, autrice très aimée du festival, qui présentera son documentaire Daraya mais aussi son dernier titre, Badjens. Ce sera sans doute un grand moment. En tant que journaliste d’origine iranienne, elle prouve qu’il est parfois nécessaire de passer par la fiction pour traiter certains sujets à forte résonance avec l’actualité.

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