12 mars > Histoire Etats-Unis

Voilà une date tellement lointaine qu’elle ne dit rien à personne ! 1177 av. J.-C. C’est pourtant durant cette année oubliée, ce jour le plus loin, que s’est effondrée la civilisation méditerranéenne de l’âge du bronze. Archéologue, anthropologue et historien, Eric H. Cline nous raconte cela comme un Sherlock Holmes qui évalue les hypothèses pour expliquer la fin d’un monde qui rassemblait les Egyptiens en pleine décrépitude religieuse, morale et institutionnelle, les Hittites, les Assyriens, les Mitanniens de Crète et les Mycéniens de Grèce en crise économique, déjà…

Directeur du Capitol Archaeological Institute de l’université George-Washington, Eric H. Cline reprend les travaux de Robert Drews (The end of the bronze age, 1993) et de Nancy K. Sandars (The sea peoples, 1978) pour les replacer dans un contexte plus global. Et surtout, c’est la grande vertu de ce livre remarquable, il rend accessibles au plus grand nombre et dans un langage clair les analyses savantes.

On reste stupéfait par la précision avec laquelle il évoque ces siècles obscurs et comment, à partir d’une inscription ou d’une fouille de navire naufragé, il montre la "tempête de catastrophes" - politiques, économiques ou naturelles - qui a conduit à cet écroulement en règle. "Le monde ne connaîtra pas de perte d’une telle ampleur avant la chute de l’Empire romain, plus de mille cinq cents ans plus tard." Il nous incite aussi à réfléchir sur la vulnérabilité de notre civilisation et sur le fait qu’une fin peut annoncer un commencement. Car sans cet effondrement nous n’aurions peut-être pas eu l’alphabet, le monothéisme ou la démocratie…

Laurent Lemire

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