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Le journal de Clémentine Vergnaud, une vie face au cancer

Clémentine Vergnaud, en 2023 - Photo Florence Brochoire

Le journal de Clémentine Vergnaud, une vie face au cancer

Décédée en décembre 2023 des suites d’un cancer, la journaliste de Radio France Clémentine Vergnaud a documenté son combat contre la maladie dans un podcast qui a rencontré un grand retentissement médiatique. Sur la base de ces enregistrements et de quelques textes complémentaires, les éditions du Seuil ont publié ce 4 octobre Le journal de Clémentine, émouvant témoignage d’un an et demi de lutte contre la maladie.

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Par Charles Knappek
Créé le 04.10.2024 à 17h49

Elle voulait « laisser une trace ». Clémentine Vergnaud n’avait que 31 ans quand elle s’est éteinte le 23 décembre 2023, après une lutte d’un an et demi contre une forme rare de cancer des voies biliaires.

Journaliste à Radio France, la jeune femme s’était confiée sur sa vie face à la maladie dans un podcast en 16 épisodes de dix minutes qui a cumulé plus de deux millions d’écoutes, générant un immense mouvement de sympathie à son égard, et l’envoi de milliers de messages. Invitée à de nombreuses reprises dans les médias, elle y faisait part de son expérience, contribuant sans doute à changer le regard du public sur les personnes atteintes de maladies incurables.

Pourtant, Clémentine Vergnaud ne tirait aucune gloire de sa soudaine notoriété. « J’ai trente ans et je n’ai pas voulu écrire ce texte », lit-on au début du Journal de Clémentine, le récit de sa lutte contre le cancer, paru ce 4 octobre au Seuil.

Accompagnement sans faille

Du moment où elle découvre sa maladie en juin 2022 jusqu’aux semaines qui précèdent son décès, Clémentine Vergnaud relate ses angoisses, ses doutes, ses peurs, les traitements à l’hôpital et leurs inévitables effets secondaires, mais aussi l’évolution de son propre regard sur le cancer, la vie, la mort, jusqu’à, une fois passée la phase de déni, être capable de « faire le deuil de soi ».

Tiré du podcast et de textes rédigés par la journaliste, Le journal de Clémentine est aussi le récit de l’accompagnement sans faille de sa famille et de son compagnon Grégoire Lecalot, qu’elle épousera dans sa chambre d’hôpital, et qui achève le journal de quelques pages supplémentaires après son décès.

C’est aussi une plongée dans les méandres du parcours médical, avec son lot de belles rencontres et de déceptions. Les médecins qui comprennent ce qu’elle vit et font preuve d’empathie, mais aussi les autres, ceux qui s’en tiennent au protocole et n’écoutent pas la malade quand ils ne comprennent pas les symptômes dont elle souffre.

Soulagement d’avoir « enfin le droit de lâcher »

« Être malade, c’est un boulot à plein temps », écrit également Clémentine Vergnaud pour relater, non sans agacement, les innombrables avanies administratives auxquelles elle s’est trouvée confrontée : un bug d’Ameli qui l’oblige à réclamer les paiements auxquelles elle a droit, les relances impersonnelles de la Sécurité sociale, ou encore l’inadaptation des aides au ménage proposées ont constitué autant de charges mentales et financières supplémentaires.

Dans les dernières pages, Clémentine Vergnaud fait part de son soulagement d’avoir « enfin le droit de lâcher ». « Entendre de la voix des médecins que ce serait une erreur de s’accrocher à ce point-là, ça m’a fait énormément de bien », se réjouit-elle presque alors que les seules options qui lui restent sont la manière de choisir où elle va mourir.

Récit poignant de l’« expérience d’une vie », Le journal de Clémentine bénéficie d’un premier tirage de 30 000 exemplaires. Les droits d’auteur du livre seront reversés au Fonds Clémentine Vergnaud contre le cholangiocarcinome et l'Association pour l’étude des cancers et affections des voies biliaires (Acabi), qui lancera en 2025 une bourse de thèse financée par les dons reçus au nom de la journaliste.

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