27 février > roman Canada

Le premier roman de Perrine Leblanc porte deux titres. Au Québec, d’où elle est originaire, il s’appelle L’homme blanc (Le Quartanier, 2010, repris chez Boréal). Chez Gallimard, il est devenu Kolia en 2011. La jeune femme a cette fois donné la primeur à la France pour son deuxième roman. Ce Malabourg qui confirme tout son talent.

Sur la rive nord de la baie des Chaleurs, Malabourg est un village d’une superficie de 235 km2 situé entre le mont Silverwood et la mer. Les habitants du lieu sont réputés pour avoir le menton en galoche. Les garçons jouent au hockey sur la patinoire du lac, endroit qui va avoir une importance particulière dans le récit.

Les filles, elles, ont "le corps pulpeux là où le regard mâle cherche du rebondi". Quant aux hommes, ils ont "le visage buriné prématurément vieilli par le soleil, le sel que le vent charrie beau temps mauvais temps, l’acide dans l’eau de pluie qui décape les gorges les plus délicates avant la fin, et par la vie, injuste et chienne. Jeunes, ils ont l’air vieux ; vieux, ils ont l’air mort".

Voici Mina, cheveux noir corbeau et visage aux traits doux, qui sourit peu et rit "en se pinçant les lèvres". La jeune fille étudie les gens - et surtout Alexis -, les "tricote et les détricote mille fois". Alexis vend des fleurs et des plantes. Il dort avec ses chats dans la grange qu’il a équipée pour son travail et la vie quotidienne. Voici encore Geneviève qui a fait l’amour pour la première fois au début de l’été avec le maire du village, qui n’est autre que le père de sa meilleure amie, Liliane.

Ici, on croise aussi madame Ka, "vieille pute sympathique" qui peint ses lèvres "d’un rouge fuchsia de petite fille". Ou un homme pas très grand mais avec "la force d’un mauvais général"… Très envoûtant, Malabourg frappe par son atmosphère, son décor. Par la manière dont Perrine Leblanc ferre son lecteur, l’entraîne dans des zones sombres. Une auteure à suivre.

Al. F.

13.02 2014

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