"Modèle" qui a inspiré Matthieu de Montchalin tant dans la direction de sa librairie que dans son engagement collectif, Jean Legué et sa femme Françoise ouvrent en 1947 une première boutique à Chartres. Baptisée Au Livre d’or, elle ne propose, sur 20m2, que quelques livres.
Mais devant le succès de son commerce, Jean Legué rachète au milieu des années 1950 un immeuble dans l’une de rues les plus passantes de Chartres. Il y aménage un magasin de 100 m2 et vend notamment des livres scolaires et du poche, un format dans lequel il voit une opportunité pour amener de nouveaux publics à la librairie.
"Pragmatique, débrouillard et audacieux”
Les trente années suivantes, Jean Legué ne cesse d’agrandir et d’aménager son magasin, afin d’intégrer notamment une papeterie puis les disques et la photographie. Il lui donne également son nom à la fin des années 1960. “C’était un pragmatique débrouillard et audacieux, qui a toujours senti les choses évoluer et n’a jamais cessé de faire bouger sa librairie”, se souvient Matthieu de Montchalin.
A partir des années 1970, Jean Legué s’investit dans l’action collective et syndicale, un engagement qui le mène jusqu’à la présidence de la Fédération française des syndicats de libraires (FFSL) à la fin des années 1990, alors qu’il a cédé les rênes de sa librairie à son gendre Jean de Montchalin en 1995.
Mais comme tous ces "libraires emblématiques, il n’a jamais vraiment quitté le navire”, témoigne son petit-fils. Toutefois, en 2008, Jean Legué vend la librairie de Chartres à Olivier Lhostis et Frédérique Garcia. Il cède également à Frédérique Massot la Rose des vents à Dreux, qu’il avait rachetée dans les années 1980. "Cette librairie comptait beaucoup pour lui, précise Matthieu de Montchalin. Il la voyait comme un îlot de défense des idées et de la démocratie.”