Plus vite et plus fort encore que Paris est une fête d'Ernest Hemingway après les attentats de novembre 2015, Notre-Dame de Paris de Victor Hugo s'est imposé parmi les meilleures ventes de livres depuis l'incendie de la cathédrale parisienne le 15 avril au soir. Il n'est pas le seul. A la mesure de l'emblème national constitué, bien au-delà de ses racines religieuses, par l'édifice central de la capitale, et de la spectaculaire dévastation qu'y ont provoquée les flammes, plusieurs livres illustrés se sont enlevés en un clin d'œil chez des libraires pris de court. Sur son site, Livres Hebdo met en avant 18 titres disponibles sur Notre-Dame de Paris. Parmi eux, des classiques (outre Hugo, Gérard de Nerval, Théophile Gautier, Charles Péguy), des ouvrages d'art et de photographie, des bandes dessinées, des guides. Tous contribuent à garder vivante la mémoire d'un monument dont la construction prit plus de deux cents ans et dont on peut douter que la restauration s'achève avant dix à quinze ans.
Mais tout en cherchant à répondre au mieux à la demande, éditeurs et libraires ont voulu apporter leur contribution à la reconstruction. Dès le 16 avril, les libraires franciliens Amandine Ardouin (Librairie Saint-Pierre, Senlis) et Antoine Bonnet (Librairie Michel, Fontainebleau) ont appelé leurs confrères à reverser à la souscription nationale les bénéfices de la vente circonstancielle deNotre-Dame de Paris. De Folio au Livre de poche et à Pocket, les éditeurs rééditent ou réimpriment le texte, dans le domaine public, en s'engageant de même à en affecter les profits à la reconstruction. Ces initiatives s'inscrivent bien dans la démarche engagée par Victor Hugo lui-même 188 ans plus tôt. Avec son roman, l'écrivain de sensibilité républicaine militait contre les destructions et les pillages visant les édifices religieux. Il installait le patrimoine culturel au cœur de la communauté nationale. Un combat que le livre porte par-delà les siècles.