15 avril > Poésie Italie

Les Emblemata du jurisconsulte et humaniste italien Andrea Alciato (appelé André Alciat de ce côté-ci des Alpes), (1492-1550), écrits en latin et publiés pour la première fois en 1531, furent parmi les best-sellers de la Renaissance. Du vivant de l’auteur, on en recense plusieurs éditions, augmentées (de 104 à 211 poèmes), illustrées. Et même une qui fait autorité, l’édition lyonnaise Macé Bonhomme de 1551. C’est de ce volume que Pierre Laurens, de l’Institut, avait procuré en 1997 une édition en fac-similé. Et c’est cette édition qu’il reprend aujourd’hui, enrichie d’annotations par Florence Vuilleumier-Laurens et, surtout, de traductions en français, au plus près de l’original latin.

André Alciat fut une figure majeure de son temps. Professeur de droit à Avignon, à Milan, à Bourges, à l’invitation de François Ier, où il eut quelques élèves illustres : Jacques Amyot, Théodore de Bèze, Jean Calvin. Il est retourné en Italie, où il a enseigné jusqu’à sa mort, à Pavie, où le duc Sforza l’avait fait sénateur.

Grand lettré, Alciat a puisé chez les Anciens, grecs et romains, dans les Fables d’Esope, les Epigrammes de Martial et aussi dans la Bible, pour composer ses Emblèmes, une invention des humanistes. Il y fait preuve d’une volonté de faire œuvre de moralisateur, en particulier dans le domaine religieux. Voici, par exemple, inspirée d’un passage de l’Apocalypse et d’un autre de la Cité de Dieu de saint Augustin, sa vision de la "Fausse religion" : "Sur un trône royal une putain splendide/Revêtue d’une robe à parements de pourpre,/Propose à tout venant à boire à pleines coupes ;/Une foule est couchée, ivre-morte, à ses pieds./Ainsi de Babylone : vrai leurre pour les peuples/Que sa beauté spécieuse et sa feinte piété." Ce texte, qui date de 1546, n’a pas pris une ride. J.-C. P.

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