UNIVERSITÉS

De plus en plus utilisée par les étudiants et les chercheurs, la documentation électronique est une denrée très coûteuse, voire inaccessible pour certaines universités. Voilà plusieurs années que les professionnels souhaitent l'achat de licences au niveau national comme il en existe dans d'autres pays (Allemagne, Irlande, Japon...), un système permettant que les acquisitions documentaires soient pertinentes du point de vue scientifique et économiquement acceptables et viables. Un premier coup d'envoi avait été donné en novembre 2010 lorsque l'Agence bibliographique de l'enseignement supérieur (Abes) avait été officiellement mandatée pour acquérir et négocier la documentation électronique, concrétisée à l'automne 2011 par l'achat des trois premières licences nationales : archives de revues et ebooks Springer, base de données EEBO et le "Corpus des dictionnaires classiques Garnier" (voir p. 52).

Cette fois, l'affaire prend de l'ampleur puisque la somme de 60 millions d'euros sur trois ans vient d'être allouée dans le cadre des investissements d'avenir (1) pour le projet d'acquisition Istex (Initiative d'excellence de l'information scientifique et technique). Cette plateforme nationale qui devrait être opérationnelle entre mai 2013 et mai 2014 "permettra non seulement d'acquérir sous forme de licence nationale un large corpus de ressources documentaires auprès de multiples éditeurs mais aussi de faciliter leur accessibilité et leur exploitation en toute autonomie ainsi que de créer des services à valeur ajoutée », précise Raymond Bérard (Abes). Des pourparlers avec le ministère de la Culture sont en cours pour cet accès soit élargi aux grandes bibliothèques publiques. De son côté, Michel Marian (ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche) voit dans l'Istex "non seulement un instrument de compétitivité puissant pour la recherche,mais une vaste bibliothèque numérique commune à l'ensemble des universités et des organismes de recherche qui va réduire les inégalités territoriales en garantissant une équité d'accès à la connaissance sur tout le territoire ».

L'enjeu est aussi d'évaluer la demande, d'analyser l'offre éditoriale et de sélectionner les ressources à acquérir : livres électroniques, grands corpus nationaux numérisés, archives de bases de données, périodiques, etc. Cette étape de communication et de remontée des besoins des usagers aura lieu dans les trois mois qui viennent, assurée par le consortium Couperin en lien avec d'autres établissements scientifiques et les opérateurs de terrain que sont les bibliothèques et les services de documentation. Les premières négociations avec les éditeurs commenceront à l'été 2012. Toute une stratégie à mettre en place qui nécessitera de la coopération entre chercheurs, éditeurs et bibliothécaires.

(1) La convention Agence nationale de la recherche-Etat-CNRS a été signée le 19 avril dernier (plus d'informations : Arabesques, n° 66 du 2e trimestre 2012, consacré aux licences nationales).

08.12 2014

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