5 JANVIER - ROMAN Etats-Unis

Avec Fugues (Plon, 2010, ressort en 10/18), volume d'une puissance et d'une originalité rares, Lauren Groff signait l'un des meilleurs recueils de nouvelles de récente mémoire. L'Américaine s'était auparavant déjà illustrée avec un premier roman étonnant, Les monstres de Templeton (Plon, 2008, repris en 10/18). Elle revient ici au long format avec Arcadia.

"Miette de garçon", Ridley Sorrel Stone, dit "Pouce", n'a jamais vécu dans une maison. Le jeune héros de Lauren Groff est le fils d'Hannah et d'Abe. Il ne pesait pas trois livres quand il est né à la fin des années 1960 dans une caravane, au milieu des montagnes. Ses parents sont ce que l'on appelait alors des beatniks, des hippies. Ils font partie d'une communauté, Arcadia, dont le slogan est : "Egalité, Amour, Travail, Ouverture aux Besoins de Chacun." Ici, où les animaux domestiques ne sont pas autorisés, on vient pour devenir qui on a envie. Mais il faut être prêt à retrousser ses manches, à mener une existence pure et authentique.

Handy, le gourou qui a été infirmier en Corée, a quatre enfants blonds, une épouse "principale", Astrid, et une autre, Lila, mariée elle aussi. Pouce regarde les êtres qui l'entourent en ayant parfois l'impression d'évoluer dans une ruche, en sentant les tensions. Sa mère lui dit qu'il va grandir, qu'un jour le monde ne sera plus aussi compliqué.

Plus tard, adolescent, il en pince pour Helle, la reine des "filles aux lèvres bleues", attirante avec sa pâleur, ses dreadlocks, son piercing sur la narine. Il a peur du "Dehors", se représente "les villes comme autant d'Arcadia plus grandes, plus dures, plus mesquines, où les gens marchent en se jetant de l'argent les uns aux autres"... L'écriture de Lauren Groff est poétique et musicale. La romancière s'attache aux sensations, aux émotions d'un Pouce qui se transforme et découvre l'envers du décor. Un voyage à ne pas rater.

10.03 2015

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