Édito par Christine Ferrand, rédactrice en chef

Qu’est-ce qu’un auteur ? C’est la question qu’ont posée les auteurs de bande dessinée à Angoulême, paraphrasant une célèbre conférence de Michel Foucault. Car le statut d’auteur, dans ce domaine-là, est encore passablement flou.

Photo PHOTO OLIVIER DION

Les attentats contre Charlie Hebdo sont venus rappeler, s’il était nécessaire, le poids de cette œuvre de l’esprit qu’est le dessin. Pourtant, paradoxalement, les auteurs de BD, dessinateurs et/ou scénaristes, sont aujourd’hui victimes de la crise de croissance du secteur qui aiguise les concurrences et brouille leur statut.

Auparavant rémunérés d’abord par la presse qui publiait initialement leurs planches, ils n’ont plus aujourd’hui que l’édition comme source de revenus. Un processus qui s’est déroulé au cours des vingt dernières années au fur et à mesure de la montée en puissance de ce secteur éditorial : actuellement, la bande dessinée réalise près de 10 % du chiffre d’affaires de l’ensemble de l’édition, alors qu’elle n’y contribuait qu’à hauteur de 2,5 % il y a vingt ans. En 1994, on comptait 500 nouveautés. Aujourd’hui, ce sont plus de 5 000 titres qui paraissent chaque année, avec des ventes moyennes qui se sont effondrées.

Les Etats généraux lancés à Angoulême ont symboliquement marqué cette évolution qui génère une grande confusion, que viennent encore amplifier l’édition numérique, le streaming, les nouveaux enjeux qui traversent tous les métiers du livre.

Même si, selon GFK, le marché du livre numérique semble connaître un palier dans sa progression. Des prix encore relativement élevés - en tout cas supérieurs à ceux des livres au format de poche - peuvent expliquer en France ce moindre engouement. Mais pour des raisons diverses, un peu partout dans le monde, le marché de l’ebook marque le pas, tandis que le livre papier revient en force. C’est le constat que faisaient à Venise les intervenants, venus des quatre coins de l’Europe, au séminaire de la Scuola per Librai Umberto e Elisabetta Mauri. Aux professionnels du livre de saisir la balle au bond en se révélant "excellents", comme le recommande James Daunt, le patron des librairies Waterstones. Et là, les auteurs sont bien le nerf de la guerre.

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