L’établissement situé dans le 20e arrondissement de Paris a organisé, samedi 16 mars, un atelier de lecture de contes non-genrés pour les enfants animé par des drag-queens, et il prévoyait la tenue d’un évènement similaire mercredi dans l’après-midi. Ces initiatives s’inscrivent dans le cadre de la Queer Week, qui se tient du 15 au 23 mars, une semaine de réflexion sur les genres et les sexualités.
"C’était fait pour un public familial du quartier et venait qui voulait. Il s’agissait d’interroger les stéréotypes autour du fait que les petites filles seraient forcément des princesses et les petits garçons des chevaliers. La démarche, c’est simplement d’interroger le rôle des filles et des garçons", a déclaré à 20 Minutes la direction de l’établissement.
Des centaines de messages de haine
Partagée sur les principaux sites et comptes de la fachosphère tels FdeSouches, Boulevard Voltaire et Egalité et Réconciliation, l’information a suscité une vague de harcèlement sans précédent visant la bibliothèque, qui a bloqué plus de 400 messages haineux sur les réseaux sociaux. Le compte Twitter de l’établissement a par la suite été passé en privé.
Sur Twitter, on peut lire de nombreux propos homophobes critiquant la décision de "laisser [des enfants] avec des personnes aussi instables et sans raison qui fuient la réalité et leurs responsabilités !" ou bien condamnant "l’émasculation des esprits [des enfants]" et appelant à licencier le personnel "pour atteinte à la dignité de l’enfant". Le site Résistance républicaine qualifie les drag-queens de "salopes instrumentalisant des enfants très jeunes pour les faire entrer dans leurs obsessions malsaines d’adultes".
Des attaques "inacceptables" pour l'ABF
Dans un communiqué, l’association des bibliothécaires de France (ABF) a vivement réagi dans un communiqué : "Ces attaques sont inacceptables ! Nous tenons à réaffirmer que c’est le rôle même des bibliothèques et des bibliothécaires que de proposer au public des services, des animations et des collections pour tou·te·s, et sur tous les sujets pour favoriser les débats, lutter contre les prescriptions idéologiques et donner aux enfants comme aux adultes les clés pour comprendre le monde dans lequel ils et elles vivent."
L’organisme "tiens à soutenir haut et fort [ses] collègues parisien·ne·s" dont il salue "pleinement" l’initiative, et incite à envoyer un message à la bibliothèque et à son personnel afin "de noyer les propos haineux sous une avalanche de soutien". La mairie de Paris a également condamné "ces injures homophobes violentes" et déclare "être aux côtés" des bibliothécaires et "soutenir leur politique de diversité et d’inclusion".