Né en 1937 à Thionville (57), docteur ès Lettres, agrégé d’histoire-géographie, professeur émérite de sociologie historique à Paris-Sorbonne, élu en 1999 membre de l'Académie des sciences morales et politiques, Jean Baechler est mort à Paris le 13 août 2022 à l'âge de 85 ans.
D'abord enseignant au lycée du Mans de 1962 à 1966, Jean Baechler a débuté sa carrière académique en 1966, date à laquelle il entre au CNRS, et concomitamment obtient un poste de chargé de cours de sociologie à la Sorbonne qu'il occupe jusqu'en 1969. Sous la direction de Raymond Aron, il a soutenu une thèse de doctorat intitulée « Les suicides », une critique de la pensée de Durkheim, paru chez Calmann-Lévy en 1975, réédité en 1981. Jean Baechler a consacré sa vie à la recherche en sciences humaines, concevant « la sociologie comme une discipline scientifique au croisement de la philosophie, de l’histoire et de l’anthropologie », d'après l'Académie des sciences morales et politiques.
Dernier sociologue "classique"
Son premier ouvrage est publié en 1970 intitulé Les Phénomènes révolutionnaires aux Presses universitaires de France. Traduit dans de nombreuses langues, auteur de dizaines d'ouvrages, le travail intellectuel et littéraire de Jean Baechler est conséquent. Dans Les origines du capitalisme (Gallimard, 1971), il a identifié les racines de notre système économique et sociopolitique actuel dans le pluralisme politique des sociétés féodales du vieux continent. Nommé directeur de recherche au CNRS en 1977, il est devenu à partir de 1988 professeur de sociologie historique à la Sorbonne jusqu'à l'éméritat en 2006.
L'Académie des sciences morales et politiques, Institut de France dans lequel Jean Baechler avait intégré la « section Morale et Sociologie », l'a qualifié comme l'un des derniers sociologues « classiques », « au sens où son projet de sociologie historique a visé à la compréhension générale des aventures humaines en société, depuis l’apparition de l’espèce jusqu’à nos jours ». Son dernier ouvrage est paru le 20 juillet 2022 L'intime (Hermann), une réflexion sur l'intime, à travers laquelle l'auteur examine la nature, la gestion et la variabilité de cet espace dans lequel se définit un individu.