Si le pire n’est pas sûr, pour Mitchell Zukor, jeune mathématicien et statisticien surdoué et introverti, il est au moins prévisible. C’est d’ailleurs son travail. Dans un futur proche, cet oiseau de mauvais augure a été engagé par un mystérieux cabinet de conseil, FutureWorld, afin de calculer les probabilités de devoir faire face à un désastre. Dans un grand bureau vide de l’Empire State Building, Mitchell donne vie et sens aux pires cauchemars de chacun, et d’abord aux siens. Ce jeune homme maladroit, engoncé de son corps, de tout son être, va bientôt sombrer totalement dans son monde systémique où règnent en maîtresses la paranoïa et la peur, alors que se défait le dernier lien qui le reliait au réel, Elsa, une amie de fac qu’il n’aura su accompagner sur les chemins de ses propres secrets. Aussi, lorsque le cauchemar devient réalité, quel destin s’offre à Mitchell ? Peut-être l’histoire retiendra-t-elle que Paris sur l’avenir, récit des aventures et mésaventures, drôles, terrifiantes et mélancoliques, de Mitchell Zukor, aura été le premier grand roman sur le désordre climatologique. L’ambition de son auteur, Nathaniel Rich, est en tout cas de cet ordre-là. Il en a les moyens. Comme son héros, Rich est un surdoué, enfant de la balle du New York littéraire. Son frère, Simon, est l’auteur d’Homme cherche femme et autres histoires d’amour, publié l’an dernier au Seuil, et son père, Frank, est l’une des grandes plumes du New York Times. Son roman est passionnant en ce qu’il furète sur toutes les contre-allées du récit de genre. On y lit comme des échos des fictions spéculatives de J. G. Ballard, mais aussi du Fitzgerald du Dernier nabab (pour une scène, fascinante, d’inondation) ou du Nathanaël West de L’incendie de Los Angeles. O. M.
Le pire n’est jamais sûr
Tremblements de terre, inondations, épidémies et autres désastres, le premier roman traduit de Nathaniel Rich ne s’épanouit qu’au cœur de désastres.