L'écrivain, poète et cinéaste israélien Haïm Gouri, connu notamment pour ses œuvres sur la Shoah, est décédé mercredi à l'âge de 94 ans, a annoncé sa fille. Dans un communiqué, le président israélien Reuven Rivlin a déploré la mort "du poète national, un homme qui était à la fois un combattant et un intellectuel".
Né en 1923 à Tel-Aviv, Haïm Gouri est envoyé en Europe, après la Shoah, pour aider les réfugiés juifs à émigrer en Palestine mandataire. Il est également combattant lors de la première guerre israélo-arabe de 1948, puis en 1967 comme officier de réserve pendant la guerre des Six jours.
Plus de 20 livres
Figure historique d'Israël, Haïm Gouri a couvert pour le quotidien du parti travailliste Lamerhav le procès du criminel de guerre nazi Adolf Eichmann, jugé en Israël et condamné à mort en 1961. Il en a tiré un livre: La cage de verre publié en France chez Albin Michel en 1964, qui a contribué à sa notoriété à l'étranger. Près de trente ans plus tard, Haïm Gouri a signé un second ouvrage sur le procès, Face à la cage de verre: le procès Eichmann, Jérusalem, 1961, toujours disponible chez Tirésias.
Cinéaste documentariste, l'écrivain a aussi tourné plusieurs films consacrés à la Shoah. Ayant publié plus de 20 livres dont L'affaire chocolat (Denoël, 2008) et plusieurs recueils de poèmes, il est connu dans son pays comme le poète de la création de l'Etat d'Israël. Il est aussi l'auteur de chansons populaires, devenues des classiques apprises dans les écoles.
Traducteur
Lauréat de nombreuses récompenses dont le prestigieux Prix d'Israël en 1988, Haïm Gouri, proche de l'ancien Premier ministre israélien Yitzhak Rabin, prix Nobel de la paix 1994 pour son rôle actif dans la signature des accords d'Oslo qui posaient les premières pierres d'une résolution du conflit israélo-palestinien, a longtemps plaidé pour la paix avec les Palestiniens.
Francophile, Haïm Gouri a vécu un temps en France et étudié à la Sorbonne. Il a traduit en hébreu les grands poètes français, notamment Baudelaire, Rimbaud et Apollinaire mais aussi des romans de Pagnol et Claudel. En 2011, le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand l'a nommé "Chevalier de l'ordre des Arts et des lettres", le qualifiant "d'homme de paix, âme vivante de l'histoire d'Israël et amoureux de la langue française".