Au moment où reparaissent en poche chez J'ai lu les trois premiers épisodes de leurs aventures publiés au Dilettante, Une aventure avec les savants, (2006), Avec les baleines, (2007) et Avec les communistes, (2008), Les Pirates ! inventés par Gideon Defoe annoncent que leur saga se poursuivra désormais chez Wombat. Explication : c'est Frédéric Brument qui cornaquait l'affaire au Dilettante. Et comme il a créé sa maison d'édition, il y regroupe désormais ses projets et annonce d'ores-et-déjà un volume : Les Pirates ! dans : Une aventure avec les romantiques.
Pour ce dernier épisode au Dilettante, donc, il fallait un feu d'artifice, et Defoe s'est surpassé. Cette fois, le Capitaine pirate, toujours aussi nul et grandiloquent, trouve le moyen de rater le prix du Meilleur pirate de l'année. C'est Alan Hinton, un béjaune mais licencié en piraterie avec mention, qui l'emporte ! Ulcéré, le Capitaine décide de se retirer dans l'apiculture. Outre le miel, la viande d'abeille riche en protéines évitera aux frères de la côte de souffrir du scorbut. Fort à propos, Bellamy Frank, vieux rival du Capitaine, lui vante les charmes d'une île tropicale enchanteresse, en plein Atlantique (Sainte-Hélène), et lui en cède la propriété. Les pirates sédentarisés pourront y cultiver leur jardin. Nonobstant le climat redoutable de l'île, nos pirates s'installent, et connaissent une sorte de quiétude. Jusqu'au jour où un nouvel hôte tonitruant vient s'y installer. Il s'appelle Napoléon, et prétend avoir été Empereur de France et d'Europe. Deux êtres d'exception pour une si petite île, voilà qui ne peut que créer des rivalités, des gags et des quiproquos. Et Defoe s'en donne à coeur joie, jusqu'à ce que les ennemis jurés se réconcilient et que les pirates finissent par reprendre la mer, en route vers de nouvelles aventures !
Avec ses titres de chapitres qui n'ont rien à voir avec leur contenu, une table des matières fantaisiste, des notes en bas de page absurdes et un index dément, ce roman est pour l'instant le meilleur de la série. Le jeune Defoe, licencié en nonsense, lâche la bride à son imagination et à son humour de potache.