15 mai > Histoire France

« Deux ou trois rues sur des rochers à pic, huit cents misérables qui meurent de faim, un château délabré, un bataillon de troupes françaises, quelques orangers, quelques oliviers, quelques mûriers épars sur quelques arpents de terre épars eux-mêmes sur des rochers : voilà à peu près Monaco. » C’est ainsi que la principauté est décrite par Charles Dupaty en 1785.

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L’homme est aujourd’hui bien oublié, comme les pauvres et les oliviers en territoire monégasque. Son arrière-petit-fils, le commandant Du Paty de Clam, qui joua un rôle décisif dans l’accusation du capitaine Dreyfus dans la fameuse scène de la « dictée », est hélas plus connu que lui. Pourtant, le magistrat Charles Dupaty (1746-1788) eut son heure de gloire juste avant la Révolution française. En fait, sa réputation littéraire ne tient qu’à ses Lettres sur l’Italie publiées l’année de sa mort. Mario Pasa nous propose ici d’en découvrir le meilleur, c’est-à-dire 51 lettres sur les 115 de l’édition originale. De quoi déjà faire connaissance avec celui qui fut l’ami des Encyclopédistes, le défenseur de la tolérance et des libertés.

Ce magistrat au parlement de Bordeaux avait été remarqué par Voltaire, puis par Diderot, pour la qualité de ses missives, le sens de ses formules et sa lutte contre tous les fanatismes qui lui vaudra une lettre de cachet et un séjour en prison. L’occasion nous est donc donnée d’en savoir un peu plus sur ce juriste philosophe dont l’esprit réformateur est proche de Turgot ou de Beccaria. « De quoi se plaignent les peuples quand ils poussent plus loin la servitude que les princes la tyrannie ? »

Dans ses rêveries, ce promeneur solidaire observe ses contemporains et ses contemporaines quelquefois encore avec les préjugés de son temps, mais toujours recadrés par son sens de la justice. Le but de son voyage en Italie consiste en effet à envisager une rénovation de la législation criminelle en France.

Le « jeune Socrate de Bordeaux », dixit Voltaire, qui dénonça des erreurs judiciaires, n’en délaisse pas pour autant les charmes des Italiennes ou ceux plus esthétiques de Gênes, Lucques, Florence, Naples ou Rome, « cette ville que tout l’univers regarde ». Face aux œuvres d’art, il devient même poétique, mais comment décrire un tableau sans en faire un ?

Mario Pasa a supprimé tous les descriptifs trop touristiques qui ne nous apprennent rien sur l’homme et son époque, hormis l’ascension du Vésuve ou la visité de Pompéi. Il a préservé l’essentiel : les traits d’esprit et la finesse d’analyse de ce juriste déjà romantique sur cette justice « qui n’est plus aujourd’hui en grande partie qu’une injustice consacrée ». Une réflexion qui n’était pas insignifiante, quatre ans avant 1789 ! L. L.

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