Dimanche après-midi dans le Square culinaire, un fumet savoureux se répand partout. Alors que le chaland se déplace dans les allées, le chef Jean-André Charial est en train de régaler l'assistance avec sa recette de rouget à l'huile d'olive et au basilic. Par l'odeur attirés, les lecteurs sont invités à goûter ce plat que le chef vient de concocter sous leurs yeux, avant de quitter le plan de travail pour dédicacer son livre de recettes, Oustau de Baumanière (Glénat). Les gourmands apprécient.
Le Square culinaire, espace orange de plus de 600 mètres carré, rassemble tous les éditeurs de littérature gastronomique, du traditionnel Gründ au petit La Palissade, dont les titres mélangent littérature jeunesse et recettes. Tout autour du carré, les éditeurs tiennent leur stand, tandis qu'au fond, les chefs étoilés et les auteurs se succèdent toutes les heures pour faire des démonstrations en public. Cette formule hybride allie bonnes feuilles et bonne chère et séduit un public très large depuis sa création lors du Salon du livre 2013.
"C'est un des endroits les plus fréquentés"
"C'est à la fois un espace de librairie et de démonstration, qui permet aussi de faire un mix entre petits et gros éditeurs", explique Emmanuel Konstantin, responsable librairies chez Eyrolles. "C'est un des endroits les plus fréquentés, on est toujours émerveillés de voir autant de monde, notamment des collégiens et des étudiants."
A côté des chefs en démonstration, armée d'un micro, se tient Anne Martinetti, auteure et éditrice qui tient le site Cuisineinsolite.com. La cuisine interactive au beau milieu des livres, c'est son idée : "Il y a quelques années, j'ai proposé au Salon de faire des recettes pour communiquer autour de la gastronomie. Au début, ce n'était pas possible pour des raisons de sécurité, mais cela s'est concrétisé l'année dernière. On a 82 personnalités qui viennent cuisiner devant le public. Ça permet de lier livre et cuisine, tout le monde est super content, les éditeurs font des bonnes recettes... C'est la fête !"
Cependant certains petits éditeurs sont maussades. "Ce vendredi matin était mou", remarque Laurent Seminel, des éditions Menu fretin. Il accuse une baisse de 30% de son chiffre d'affaires par rapport à l'an dernier. Selon lui, le Square ne bénéficie plus de l'effet de surprise de l'an dernier, et ses dimensions agrandies atténuent l'effet de masse devant les stands. De plus, il n'a pas l'impression de profiter de l'affluence générée par les grandes maisons. Ce qui n'empêche pas l'éditeur de saluer le principe du Square : "C'est génial de réunir tous les éditeurs culinaires au même endroit, ça crée une concentration favorable. C'est le principe de la place Vendôme : tous les bijoutiers au même endroit, il y en a pour tous les goûts." Dans un contexte de crise, le Square reste une bonne initiative selon lui : "Sans le Square culinaire, je ne reviens plus !"