Rescapé d’un conflit qui a fait plusieurs centaines de milliers de morts et occasionné le déplacement de plus de dix millions de personnes, Krishna Baldev Vaid a ancré son œuvre dans la douleur du déracinement et de l’arrachement communautaire.
De l'écrivain de l'exil au dramaturge acide
Né en 1927 à Dinga dans l’empire colonial britannique des Indes, sur le territoire de l’actuel Pakistan, Krishna Baldev Vaid se réfugie en Inde lors de la partition de 1947. Il relate cet événement, fondateur de sa mythologie littéraire, dans son roman Requiem pour un autre temps (Infolio, 2012, traduit de l’hindi par Annie Montaut). Cette fresque historique retrace l'histoire d'un village indien et l'itinéraire d'un jeune homme entre 1944 et 1947, jusqu'à la division de l'empire britannique du Sous-Continent indien.
A la fin des années 1950, il obtient une bourse pour effectuer un doctorat à l’université d’Harvard, aux Etats-Unis, où il finira par s’installer, mais il continue toutefois d’écrire en hindi. Il devient par la suite professeur de littérature anglaise à l’Université d’Etat de New York, jusqu’à sa retraite en 1985 et son retour en Inde. Il fera dialoguer la culture littéraire occidentale avec celle du Sous-Continent en traduisant Lewis Caroll et Beckett en hindi, et plusieurs auteurs d’expression hindi en anglais.
De retour sur ses terres, il se consacre à la dramaturgie. Il écrit plusieurs pièces aux forts accents politiques visant à dénoncer les dérives de son pays, comme La faim c’est le feu (L’Asiathèque, 2007, traduit de l’hindi par Muriel Calvet et Jyoti Garin), classique des théâtres indiens. L’écrivain y fait se rencontrer deux mondes, celui de bourgeois égoïstes et de vieillards affamés, dont on ne sait s’ils sont sincères ou jouent la comédie.