“Le fait que Mario Rigoni Stern existe est en soi miraculeux ”, disait de lui son ami Primo Levi. Le miracle s'est arrêté lundi 16 juin.

L'écrivain italien est mort à Asiago, petit village de montagne du nord de la Vénétie, qu'il n'avait jamais quitté, sauf pendant la seconde guerre mondiale. Il avait 86 ans.

Issu d'une famille modeste, amoureux de la montagne et de la neige, il s'engage à 17 ans comme chasseur alpin. Six mois plus tard, la seconde guerre mondiale éclate. Sergent dans l'armée italienne, il se bat en France, en Grèce, en Albanie et en Russie.

Il est fait prisonnier en 1943 par les Allemands, aux côtés desquels il avait combattu. Il s'évade en 1945 et revient à pied dans son village. Il y devient employé du cadastre, prend sa retraite en 1970 et se consacre à l'écriture.

Son expérience de la guerre et son amour de la nature nourrit l'ensemble de son œuvre. Son premier roman, Le sergent dans la neige, est publié en 1953 et se vend à 1 million d'exemplaires en Italie (disponible en 10/18).

Mario Rigoni Stern y raconte l'errance d'une poignée de soldats italiens perdus dans une Russie glaciale au moment où les armées italiennes et allemandes battent en retraite.

Auteur majeur dans son pays, couronné de prix et publié notamment dans la collection “I Meridiani”, l'équivalent de “La Pléiade”, il est moins connu en France, quoique très soutenu par les libraires et les critiques. En octobre 2007, il avait été élevé au grade de commandeur des Arts et lettres.

La Fosse aux ours, qui édite la majorité des livres de Mario Rigoni Stern, publie en septembre son dernier livre, Saisons. Parallèlement, Verdier réimprime Histoire de Tölne.

En novembre, Arbres en liberté sera réédité, toujours à La Fosse aux ours. “Une réimpression prévue de longue date”, précise l'éditeur.

A l'occasion de la sortie en Italie fin 2007 de Saisons, vendu à plus de 200 000 exemplaires, il avait déclaré, dans un entretien télévisé : “C'est la dernière fois que je descends de mes hauts plateaux.”