Secteur le plus dynamique à Taiwan comme ailleurs dans le monde, la jeunesse occupe d'ailleurs une position privilégiée à la foire, où un hall entier lui est dédié, avec notamment trois expositions d'illustrations portugaises, hongroises (le pays invité cette année) et taïwanaises).
"Cela faisait quatre ans que je n'étais pas venue. Je me suis dit qu'il fallait revenir, d'autant plus que Rebecca Dautremer a une exposition "hors les murs" dans un parc culturel", indique Anne Vignol, responsable des droits d'Hachette Jeunesse. "On sentait que ça commençait à bouger. Nous voulions voir des éditeurs qu'on connaît mais qu'on n'a pas vus depuis longtemps, d'autres qu'on ne connaît pas, mais aussi des maisons qui se lancent dans le secteur, confirme Emmanuelle Marie, directrice des droits de Bayard-Milan Editions. J'avais peur parce que le Japon et les Etats-Unis sont très présents, et les titres de Tourbillon, publiés sous le label Twirl par Chronicle, sont déjà connus. Mais au contraire, ils ont constitué une nouvelle porte d'entrée pour nous" ajoute-t-elle.
Editeurs enthousiastes et curieux
Pour sa part, Sabine Louali, responsable des droits des Grandes personnes, venue pour la première fois à la Foire, se dit "contente d'être venue car nous sommes l'éditeur de la petite enfance. Les éditeurs sont enthousiastes et curieux. Le seul obstacle est celui du coût car le tirage moyen ne dépasse guère les 3000 exemplaires". Les présentations des éditions Palette… et des Grandes Personnes ont aussi fait le plein et les éditeurs venaient sur le stand avec une photo du pop-up Mondrian (Palette…).
"Les éditeurs taïwanais sont surtout intéressés par la petite enfance et le documentaire et réclament des titres pédagogiques : il faut que l'enfant apprenne quelque chose. Quant aux albums, ils doivent contenir un message", souligne Anne Vigol. "Le coffret sciences ou "mes contes à animer" ont eu du succès et correspondent à ce besoin éducatif. Les livres-plus, avec des jouets ou des accessoires, les livres-cadeaux sont aussi très demandées", confirme Giula Scandone, responsable des droits pour l'Asie chez Auzou.
"Les éditeurs taïwanais sont très professionnels. Ils connaissent leur marché, ont étudié les catalogues avant de venir, sont ponctuels et très efficaces", se félicite Marie Dessaix, responsable des droits de Nathan. Pourtant Taïwan est confrontée comme d'autres pays à des difficultés économiques, et les éditeurs taïwanais sont prudents dans leurs tirages et exigeants dans leur choix, avec le souhait de "publier moins mais mieux".
Le Bief, la librairie Le Pigeonnier et le Bureau français de Taipei ne ménagent pas leurs efforts pour imposer la présence du livre français dans la manifestation. La présence de Jean-Guy Boin, directeur général du Bief a été soulignée par Benoît Guidée, directeur du Bureau français de Taipei, et lue comme le signe de l'attention portée à la manifestation, tandis que le pavillon français faisait le plein. Son inauguration le 16 février ainsi que la remise du premier prix de la traduction à Hsu Lisung pour sa traduction en chinois d'Entretien avec le marquis de Sade, de Noëlle Châtelet (Plon) ont été des moments intenses. "Il y a 20 ans, j'ai acheté le Sade, de Chantal Thomas à la Fnac des Halles. 20 ans après, j'ai eu l'occasion de traduire un livre sur Sade, pour lequel je reçois un prix, c'est une belle aventure", a commenté Hsu Lisung.
Manque de traducteurs du français
L'autre grand moment de la manifestation, pour la communauté française de la ville, fut la traditionnelle soirée le 18 février à la librairie Le Pigeonnier, dirigée par Sophie Hong, avec la remise par Nicolas Bauquet des palmes académiques au professeur Wu Shide, président de l'Association taïwanaise des traducteurs de français et professeur de français à l'université, en présence des trois auteurs français invités: Chantal Thomas, Romain Puertolas et Oscar Brenifier.
"J'ai rencontré des gens très littéraires, qui s'intéressent aux histoires, aux univers. Le principal frein à la vente des droits est le manque de traducteurs du français", estime Laure Leroy, fondatrice de Zulma, venue pour la première fois à la Foire. Pour y remédier, le Bureau français de Taipei a lancé le prix de la traduction déjà cité et propose des aides à la traduction.
Acheteurs de droits, les éditeurs taïwanais se rêvent plus vendeurs. "Je suis l'éditrice en français d'Eileen Chang. Le fait que les Taïwanais lui consacrent une exposition sur le Salon me fait chaud au cœur", commente Laure Leroy, qui se sent seule à défendre cette "gloire nationale". "Nos auteurs ne sont pas assez reconnus dans le monde. La Foire de Taipei est l'opportunité pour promouvoir notre savoir-faire dans les autres pays du monde, en littérature classique et contemporaine mais aussi en jeunesse ou en art de vivre. Nous devons nous concentrer là-dessus", confirme James C.M. Chao, président de ChinaTimes Publishing Company et nouvellement élu à la présidence de la Fondation TIBE, organisatrice de la manifestation.