Sur cette période, la main d’œuvre double dans les centres logistiques pour faire face à la hausse drastique de la demande. Les employés à temps plein doivent effectuer des "heures supplémentaires obligatoires" qui les poussent à travailler jusqu’à 12 heures par jour, tandis que les saisonniers recrutés pour pallier le manque de bras sont moins bien payés et ne bénéficient d’aucun avantage, en plus d’être contraints d’œuvrer sur toute la période des vacances.
Dans l’entrepôt décrit par le salarié d’Amazon, le slogan "soyez un pro du pic d’activité" est affiché sur des posters disséminés çà et là. Les managers enjoignent les travailleurs à "assurer" afin de battre le record de colis envoyés en une journée. Des Kindle ou des Echo Dot, l’enceinte connectée d’Amazon, sont promis à ceux qui accompliraient l’exploit. Un ouvrier préférerait, lui, être mieux payé, selon le narrateur.
L’enthousiasme des premiers jours du pic d’activité retombe vite, écrit l’auteur, qui voit défiler devant lui ses collègues "trainant leurs pieds comme des zombies" et comptant les jours jusqu’à la fin des fêtes. Les journées de dix heures à soulever des cartons ont abîmé les corps, et les managers, soumis à des exigences de résultats, ont le visage marqué par le stress – certains décident de tout lâcher.
En Espagne, en Allemagne et en Grande-Bretagne, des salariés des centres logistiques d’Amazon s’étaient mis en grève lors du très lucratif Black Friday pour protester contre leurs conditions de travail, similaires à celles décrites dans le Guardian, et également dénoncées dans le documentaire L’irrésistible ascension d’Amazon, diffusé sur Arte le 11 décembre.