L'auditorium de l'espace Franquin, avec ses 310 places, était bondé, vendredi matin à Angoulême pour la présentation, à l'occasion du Festival international de la bande dessinée, de la première étude réalisée par les Etats généraux de la bande dessinée (EGBD), disponible sur leur
site et téléchargeable ci-contre.
Livres Hebdo dans son édition du 29 janvier, en présentait les principaux enseignements.
Le public était dans sa grande majorité composé d'auteurs qui s'étaient libérés de leurs séances de dédicaces, mais aussi de
plusieurs éditeurs comme Guy Delcourt (Delcourt), Benoît Mouchart (Casterman), Thierry Capot (Fluide Glacial, Futuropolis), Sébastien Gnaedig (Futuropolis), Louis Delas (Rue de Sèvres), Moïse Kissous (Steinkis), etc.
Le rencontre s'est ouverte avec une histoire, brossée par Thierry Groensteen, des mouvements des auteurs de bande dessinée, depuis 1905 et le premier cercle d'entraide des dessinateurs.
Puis, pendant une heure,
Benoît Peeters, président des EGBD et le coordinateur général de l'association
Denis Bajram ont enchaîné les sliders, fruits de l'analyse des 1469 réponses (soit la moitié des créateurs selon leurs estimations), pour présenter cette radiographie d'une profession, marquée par sa précarité et l'inquiétude quant à son avenir. En 2014, l'étude révèle que 53% des répondants ont un revenu inférieur au SMIC annuel brut, dont 36% qui sont en dessous du seuil de pauvreté et 66% des auteurs interrogés pensent que leur situation va se dégrader pendant les prochaines années.
L'économiste
Thomas Paris, membre du conseil scientifique, remettait en perspective ces résultats par rapport à l'ensemble des activités culturelles. Il a expliqué par exemple que 24% des créateurs de BD vivent en région parisienne ce qui signifie que l'activité est moins centralisée que d'autres activités culturelles comme le jeu vidéo car la pratique peut se faire partout grâce aux outils numériques mais aussi en raison de la précarité de la profession, pas en adéquation avec les loyers parisiens.
Les cahiers de doléances
Si l'étude se veut un point de départ pour réfléchir à l'avenir du secteur, afin d'agir, les États Généraux avaient aussi proposé lors de leur lancement officiel l'année dernière au Festival d'Angoulême, que des cahiers de doléances soient rédigés.
Mathieu Gabella de la branche BD du Syndicat national des auteurs et compositeurs (
Snac BD) a présenté un premier cahier de doléances, téléchargeable ci-contre.
Ce cahier liste les problèmes que rencontrent les auteurs tels que la diminution de leurs à-valoir, baisse des pourcentages et s’inquiète de
"l’extension et le report automatique de la provision sur retours, privant l’auteur de droits qu’il aurait dû toucher au prétexte que les livres ne sont peut-être pas vendus.". Il présente aussi des propositions pour poursuivre les négociations avec les éditeurs notamment sur la transparence des chiffres, la relance d’un dialogue social concernant les réformes sociales de 2016 ainsi qu’une réflexion avec les éditeurs sur l’auteur 2.0.
Une deuxième présentée centrée sur les femmes
Dimanche 31 janvier, une deuxième présentation, plus centrée sur les femmes qui représentent 27% des répondants à l'enquête (soit le double du chiffre généralement diffusé) sera faite de 11h45 à 13h15 avec une intervention du Collectif des créatrices de bande dessinée contre le sexisme.
Le sujet était particulièrement d'actualité lors de cette édition du festival, marquée trois semaines avant son début par la polémique autour de la première sélection du Grand Prix d'Angoulême qui ne comptait aucune femme.