16 février > Essai Italie > Nanni Balestrini et Primo Moroni

La révolte d’une certaine jeunesse française exprimée lors des manifestations contre la loi travail au printemps 2016 peut-elle trouver une explication dans les années de plomb de l’Italie des années 1960-1970 ? Si comparaison n’est pas raison, les éditions de l’Eclat proposent un classique de l’histoire politique italienne susceptible de nous éclairer sur les origines et les mécanismes d’une insurrection.

Les documents et les témoignages réunis par Nanni Balestrini et Primo Moroni nous instruisent sur les ressorts de cette rébellion, sur le langage (Umberto Eco), le sabotage comme expérience politique et sur la violence capable de tirer le marxiste char de l’Histoire hors de la domination d’un "nouveau capitalisme" (Antonio Negri).

A l’œuvre de ce refus post-Mai 68, on trouve la peur. La peur d’être acculé, la peur de subir l’autoritarisme de l’Etat, la peur d’un changement d’époque. La horde d’or est moins une histoire qu’un itinéraire, avec ses chemins d’utopie et ses impasses. L’écrivain et peintre Nanni Balestrini, auteur du roman manifeste de la contestation de la gauche radicale Nous voulons tout (Seuil, 1973), et le libraire Primo Moroni, décédé en 1998, ont composé un document essentiel pour qui s’intéresse à l’Italie contemporaine et aux "années de plomb".

Cette "grande vague révolutionnaire et créative, politique et existentielle" ne fit pas qu’ébranler les consciences. Elle fit aussi dans un pays à bout de souffle près de 500 morts si l’on additionne entre 1969 et 1988 les attentats aveugles de l’extrême droite et les attentats ciblés de l’ultragauche. L. L.

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