Reconduit à son poste en juillet 2013, après une période d'incertitude et de coups fourrés, Gilles Ciment avait pu convaincre le Conseil d'administration en misant sur le bon bilan de son premier mandat. Seule contrainte : l'obligation de mettre en place un travail plus collaboratif entre le Festival d'Angoulême et la Cité de la bande dessinée. Mais, en janvier 2014, le directeur de la CIBDI fait un burn out et manque le Festival d'Angoulême.
En juin, sans se justifier, Michel Boutant, sénateur et président PS du conseil général de Charente, change de stratégie et évince le directeur de son poste, affirmant que son contrat n'avait pas été renouvelé et préférant, finalement, assujettir la Cité, établissement public, au festival, géré par une association de droit privé, la société 9eArt+.
Dans la pétition, auteurs, éditeurs, directeurs d'institutions et de manifestations culturelles, traducteurs, journalistes rappellent que "Michel Boutant, président du Conseil général de la Charente et, à ce titre, du C.A. de la Cité, avait fait savoir que la direction était vacante, assurant même que Gilles Ciment n’avait jamais été renouvelé, niant par là même une délibération du C.A. et six mois de travail dûment exécutés et (en partie) rémunérés. Cette attitude d’une violence inouïe le laisse sans salaire depuis six mois et, du fait d’une grande “négligence” de ses employeurs, sans possibilité de faire valoir ne serait-ce que ses droits à une indemnisation chômage." Au quotidien La Charente Libre, Gilles Ciment confiait qu'il n'avait reçu "ni solde de tout compte, ni attestation d’employeur, ni certificat de travail", ce qui l'empêchait de s’inscrire à Pôle emploi.
Depuis cet été, Gilles Ciment épuise tous les recours possibles. La réunion de conciliation qui devait avoir lieu mercredi 17 septembre a été annulée. Le directeur de la CIBDI s'est pourvu en cassation contre une décision du Tribunal administratif après avoir été débouté d'une procédure en référé contre son licenciement.
Les auteurs de la pétition se désolent de ce méli-mélo juridique qui entâche le neuvième art : "Si nous ne souhaitons pas interférer dans les affaires internes de la Cité, et encore moins dans la politique locale charentaise, nous ne pouvons rester insensibles face à la situation de Gilles Ciment. Nous, acteurs du milieu de la bande dessinée et de l’image, voulons rappeler ici l’importance de la Cité pour notre travail et la grande qualité de son directeur. Dès lors, nous trouvons absolument inacceptable le triste spectacle qui se déroule en ce moment." Et de conclure à l'attention de Fleur Pellerin : "il est de votre devoir, Madame la Ministre, de maintenir ou rétablir Gilles Ciment dans ses droits et de lui assurer un avenir digne de ses réalisations passées, tout en veillant à celui de la Cité."