Trois mois après son ouverture, le 11 mai 2010 (voir
actualité du 10 mai), le Centre-Pompidou de Metz enregistre un succès galvanisant. Plus de 300 000 visiteurs s'y sont pressés pour découvrir notamment l'exposition inaugurale, « Chef d'oeuvres ? », présentant jusqu'au 25 octobre les grandes figures de l'art contemporain. Cette réussite profite aux librairies de la ville, qui ont vu leur fréquentation s'accentuer durant tout l'été.
Première bénéficiaire de l'engouement du public, la librairie Flammarion, installée au coeur du musée. « Nous vivons une véritable lune de miel, assure Olivier Place, directeur des librairies Flammarion. Nous avons déjà dépassé nos objectifs et nos 57 m2 dédiés aux livres se révèlent bien étroits. Hormis quelques ajustements à la marge, nous sommes très satisfaits du déroulement de cet été. »
Si la clientèle reste pour le moment majoritairement composée des visiteurs du musée, qui attire Français et Européens du nord, Olivier Place entend bien intégrer progressivement la librairie dans le tissu culturel régional et drainer un public plus local, en misant notamment sur une politique d'animation offensive et une présentation de l'édition locale.
Du côté des librairies messines, le son de cloche est identique : fréquentation globale des magasins en hausse et rayon beaux-arts en progression, dans un contexte pourtant difficile pour ce secteur. « Notre rayon art a bien tourné, mais cet afflux de touristes bénéficie aux deux librairies », note Julie Even, responsable du Préau, librairie jeunesse, et de La Cour des grands. Même chose au Virgin ou à la Fnac, partenaire du musée. « Hors beaux-arts, il reste difficile de chiffrer l'impact réel du Centre Pompidou, mais les livres en version originale, comme les guides en allemand se sont bien vendus aussi », souligne Karine Xemar, responsable de la librairie au Virgin.
« Les touristes compensent une perte de clientèle enregistrée depuis le début de l'année », renchérit Jacques Foures, patron de Géronimo, qui, à l'inverse de Olivier Place, compte bien sur ce mouvement, et son propre programme d'animations intensifiées, pour capter un public amateur d'art hors de ses frontières régionales.
Simone Hisler, directrice de la librairie Hisler-Even voisine de Géronimo, tempère toutefois cet enthousiasme. « Chez nous, l'impact est nul, et notre chiffre d'affaires est toujours en recul. Cette manne touristique profite surtout aux restaurateurs et aux hôteliers. »
Néanmoins, au-delà de cet engouement estival, tous s'accordent pour rester prudent. « Malgré un taux d'abonnement qui dépasse les prévisions, nous allons voir cet hiver comment ce lieu va vivre, s'il est capable de dépasser l'effet de curiosité et de pérenniser son attractivité », conclut Olivier Place.