6 septembre > Roman Suède > Maria Ernestam

Depuis leur rencontre en 1968, à 9 ans, sur les bancs de l’école, la raisonnable Marieke et la rayonnante Veronica étaient les meilleures amies du monde, jusqu’à ce que leur amitié, qui semblait à la vie à la mort, ne prenne brutalement fin. En 2014, la première écrit une lettre à celle qui fut comme une sœur et dont elle n’a plus aucune nouvelle depuis dix ans. Objectif : renouer le fil et solder de vieux comptes. Et pour la romancière suédoise Maria Ernestam, une façon de rembobiner, à travers la version de Marieke, auteure d’une série de romans à succès qui tient une petite librairie dans le centre d’Uppsala, l’aventure de cette amitié brisée. "Je serais tellement contente que tu me répondes enfin. Et j’espère qu’en ton for intérieur, tu sais que je n’ai jamais voulu te faire de mal." A l’origine de la rupture entre les deux amies, il y a un homme, James Harrison, un pianiste rencontré dans un hôtel de Langkawi, l’île de Malaisie où les deux femmes, chacune mère d’un fils, sont parties en 2004, sur les traces de la Tante Klara, récemment décédée. Klara est celle qui a élevé Veronica, née de père inconnu, équipée d’une mère fantasque et inconséquente, et devenue professeure de musique. Enseignante célibataire, cultivée et aimante, Tante Klara était la femme ancrage, le refuge, mais sa mort a soulevé nombre de questions : qui étaient tous ces inconnus éplorés à son enterrement ? Qui allait-elle retrouver chaque année dans ce paradis tropical d’Asie et plus tard à San Francisco où les deux amies la pistent ? Qui fleurit de roses sa tombe tous les mois ?

Maria Ernestam mène l’enquête en élucidant les secrets. L’auteure du Peigne de Cléopâtre (Gaïa, 2013) et des Oreilles de Buster (Gaïa, 2011) raconte dans sa postface s’être inspirée de l’histoire du virtuose Murray Perahia pour imaginer son Pianiste blessé, personnage habité par la musique et victime à l’adolescence d’une blessure qui a fait basculer son destin. Douloureux fantôme qui, avec les leçons de vie de Tante Klara, a orienté la trajectoire de ces deux héroïnes, sur la voie accidentée de l’émancipation et, peut-être, de la réconciliation. V. R.

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