Le développement des métropoles ouvre une nouvelle donne dans la gestion des bibliothèques territoriales. Comment ces entités administratives s'emparent-elles des politiques de lecture publique ? Dans son mémoire (1) publié à l'Ecole nationale supérieure des sciences de l'information et des bibliothèques (Enssib) au printemps dernier dans le cadre du diplôme de conservateur de bibliothèque, Marie-Emilia Herbet passe au crible le fonctionnement en matière de bibliothèques des 22 métropoles françaises et décortique, au cas par cas, les contextes administratifs et politiques ainsi que les enjeux complexes de chacune.

Trois expérimentations sont étudiées plus en profondeur. Le modèle en constellation de Montpellier Méditerranée Métropole consiste en un réseau de 15 bibliothèques métropolitaines qui coordonnent leur politique documentaire, ont un logiciel commun, proposent une carte de lecteur unique et la circulation des documents sur tout le réseau. Le système de partenariat proposé aux bibliothèques restées municipales permet une certaine harmonisation de l'offre sur le territoire. Clermont-Ferrand est, quant à elle, la seule métropole à disposer d'un réseau de lecture publique totalement intégré, que Marie-Emilia Herbet qualifie de « rhizome ». Fruit d'un travail sur le long terme entamé au début des années 2000, il repose sur un maillage du territoire en huit bassins de vie différents. La métropole doit désormais se doter d'un équipement tête de réseau qui, après plusieurs tentatives infructueuses, devrait voir le jour en 2023. Le modèle lyonnais, qui repose sur des « cercles concentriques », selon l'auteure, constitue un cas atypique. Sur ce territoire, où la coopération entre bibliothèques était quasi inexistante, la métropole a soudainement hérité de la gestion de celle-ci, opérée par délégation par la Bibliothèque municipale de Lyon.

Dans certains cas, le poids des communes est prédominant par rapport à celui de la métropole. Dans près de la moitié des métropoles, 9 sur 22, « les frontières de la lecture publique s'arrêtent à la lisière des communes et l'enjeu est largement absent des projets métropolitains », souligne Marie-Emilia Herbet. Véronique Heurtematte