Davantage d’éditeurs qu’en 2019, mais peu de grosses structures. Des librairies dynamiques, mais des grandes villes saturées. Quelque 300 constructions ou extensions de médiathèques en près de trente ans, mais la moitié des 1 000 bibliothèques ouvertes moins de douze heures par semaine. Voilà l’état des lieux des maisons d’édition, librairies et médiathèques bretonnes, présenté par Livre et lecture en Bretagne à l’occasion du festival Étonnants Voyageurs le 17 mai à Saint-Malo. L'établissement public de coopération culturelle en a profité pour présenter ses projets visant à favoriser la lecture dans la région.

1) Consolider Jeunes en librairie

Ce dispositif consiste à mettre en lien un libraire et des élèves qui l’accueillent dans leur classe puis lui rendent visite avec un chèque de vingt euros. Pour multiplier ce genre d’initiatives : mettre davantage en relation des enseignants (qui montent le projet) et des libraires.

2) Multiplier les occasions de dialogue

Plus généralement, il s’agit de resserrer les liens entre les différents professionnels du livre en créant des rendez-vous… attrayants. « Nous devons trouver des formats de rencontres qui n’ajoutent pas de travail aux participants, et nous associer aux rencontres qui existent déjà », présente Xavier Person, directeur de Livre et lecture en Bretagne, qui s’est agrafé à Étonnants voyageurs pour sa journée professionnelle, profitant ainsi de la concentration de professionnels sur place. Le festival profite lui aussi du réseau de Livre et lecture. « Ensemble, on va plus loin ! », rejoint le président du festival Jean-Michel Le Boulanger. « Nous accueillons des écrivains du monde entier, mais nous nous inscrivons à St-Malo, Bretagne. Un grand festival a une responsabilité territoriale. »

3) Organiser plus de rencontres autour du livre

Ce qui passe par les résidences d’écriture, qui sont facilitées grâce à une acception (donc un financement) plus large du concept : des résidences intenses de deux mois mais aussi de quatre jours, ou un compagnonnage de six mois où l’artiste réside chez lui et est en résidence deux jours par semaine par exemple.

Il s’agit d’ancrer le livre sur un territoire, de créer de nouveaux lieux. Quid de l’idée de la ministre de la Culture d’ouvrir des libraires et médiathèques au pied des logements sociaux ? « Dire que l’on veut “apporter de la culture partout”, c’est nier la capacité des gens à exprimer leur propre culture ! Il n’y a pas de public éloigné de la lecture : dès qu’il y a une personne, il y a de la culture, c’est le principe des droits culturels. Évidemment, il faut mettre des lieux de lecture partout, mais en le faisant avec les gens sur place, pas de manière descendante », défend Guillaume Robic, ancien bibliothécaire devenu maire, conseiller régional et président du conseil d’administration de Livre et lecture en Bretagne.

4) Du Facile à Lire sur tous les plans

Le label Facile à Lire identifie les espaces en médiathèques où sont proposés des animations et des livres pour les personnes mal à l’aise avec la lecture. Créé en Bretagne, il est aujourd’hui étendu à toute la France et promu par le ministère de la Culture. « Le dispositif Facile à Lire déconstruit la peur du livre de manière simple et efficace. Mais il faut aller plus loin : appliquer systématiquement l’esprit de Facile à lire, déconstruire les blocages qui sont souvent d’ordre institutionnel », poursuit Guillaume Robic. Depuis septembre, la Bretagne porte ainsi la mission Culture-Lecture-Justice, qui soutient les bibliothèques en zone de détention. Pour éviter que le livre soit relégué chez ceux qui lisent déjà.