24 août > Roman France

Après Une dernière fois la nuit et L’autre pays, Maures, le troisième livre de Sébastien Berlendis, s’éloigne de l’Italie des origines familiales pour emprunter les routes du pays des Maures, le bord de mer varois où le narrateur a passé tous les étés de son adolescence dans les années 1980. Retour à La Londe-les-Maures, ses pinèdes, ses trois plages et ses salins, le camping du Pansard où les grands-parents ont pour la première fois planté leurs tentes en juillet 1959 avant d’y poser une caravane.

L’écrivain, professeur de philosophie à Lyon et photographe, réanime "l’image d’une vie d’été avec ses stéréotypes à laquelle [il] demeure fidèle" et les fantômes de ces vacances au soleil : le cousin Thomas, partenaire de tennis, "le groupe des Hollandais", les grands oncles et, surtout, Léna, Louise, Suzanne, Marie et Isabelle, ses amoureuses. C’est une chorégraphie de corps jeunes, ardents et intimidés, sens en liberté, peau abrasée par des serviettes de bain rêches. C’est une époque où l’on peut faire des feux sur la plage, s’exposer au soleil sans penser à s’en protéger, rouler en Vespa avec un casque pour deux.

Maures tisse ainsi rêverie et "menteries", comme dit le grand-père alors qu’il entre dans l’hiver de sa vie. Même si le décor a été depuis défiguré par des tempêtes, ou simplement "délavé pas le sel et les ans", même si les lieux n’existent plus ailleurs que dans une mémoire elliptique qui a gardé "le grain des peaux" mais effacé "le goût des bouches", le récit avance dans cette oscillation entre jeunesse et vieillesse, entre "l’attendrissement devant ce qui a été" et "la joie neuve et présente de voir la mer", demeurée intacte année après année. Pris dans "une mélancolie de fin de saison", Maures, en prolongeant ces étés, les rend éternels. V. R.

03.06 2016

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