FOIRE D’ABU DHABI

L’explosion de la jeunesse

Les fondateurs de Bright Fingers : Gulnar Hajo et Samer Alkadri. - Photo Claude Combet/Livres Hebdo

L’explosion de la jeunesse

Comme partout dans le monde, le livre pour la jeunesse arabe connaît la faveur des lecteurs et résiste à la crise.

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Par Claude Combet
avec Créé le 11.10.2013 à 19h48 ,
Mis à jour le 08.05.2015 à 15h07

Jusque-là cantonné aux livres religieux, d’apprentissage de l’alphabet ou aux ouvrages éducatifs, le livre pour la jeunesse arabe connaît une véritable explosion. Sous la houlette de petites maisons novatrices comme la syrienne Bright Fingers (dont l’illustratrice cofondatrice Gulnar Hajo vient de remporter un prix de la Foire de Sharjah), ou la libanaise Yuki Press, ce secteur s’est ouvert à l’album de qualité, et même aux romans pour les adolescents.

« Les foires du livre sont notre premier marché. Le second, ce sont les écoles », a souligné Shereen Kreidieh, de la maison libanaise Asala, lors de la table ronde sur le marché. « Les écoles sont de gros clients mais elles réclament des prix peu élevés, ce qui pose un problème économique. Mais nous ne manquons pas d’excellents illustrateurs et de bons auteurs », constate Lubna Nuwayhid, de Yuki Press. « Le marché grossit très vite et a beaucoup de potentiel. Nos ventes moyennes se situent autour de 2 000 exemplaires, 6 000 pour les best-sellers », confirme Tamer Said de Kalimat. « Nous vendons davantage dans les magasins de jouets que dans les librairires, dont le réseau n’est pas très dense dans le monde arabe. Les parents achètent un livre pour se déculpabiliser », ajoute Samer Alkadri, cofondateur de Bright Fingers.

La Foire d’Abu Dhabi a parié sur la jeunesse, en organisant des ateliers pour les 60 000 jeunes visiteurs (dont 25 000 scolaires). Tandis que l’Abu Dhabi Tourism & Culture Authority leur a distribué pour 3 millions de dirhams (620 000 euros) de vouchers (l’équivalent des « Chèques Lire »). Soucieuse de la professionnalisation du secteur, elle proposait pour la troisième année un « Coin des illustrateurs », où une vingtaine de créateurs - dont six Emiriens - montraient leurs travaux. Parmi ceux-ci, la jeune Cartoon Art Gallery de Dubai - avec ses espaces d’exposition et ses ateliers - est un exemple de cette effervescence créatrice. Le Goethe Institut l’a compris et organise, en collaboration avec l’Ibby, des ateliers destinés aux auteurs émiriens. Après une première session consacrée à l’illustration animée par l’Allemande Ute Krause (5 albums ont été édités et 2 sont en projet), une seconde a démarré le 28 avril sur la fiction pour des adolescents. La foire leur proposait aussi une visite guidée des stands, des rencontres sur le thème « Comment présenter son portfolio » ou « Illustrateur, un métier de rêve ? », et une table ronde sur les différents marchés.

Le livre pour la jeunesse fait aussi l’objet des plus nombreuses cessions de droits. Et le stand Hachette Antoine avec ses titres Disney, ses Monsieur et Madame, ses Incollables (Play Bac) et autres Cabane magique (Bayard) en témoignait (voir page 16). « Il est plus facile et plus rapide de juger de la qualité d’un album que d’un roman ou d’un essai de sciences humaines », souligne Lynette Owen, responsable du centre des droits. « Le seul souci est le coût de l’inversion des plaques pour la langue arabe. Comme les tirages sont relativement modestes, cela peut freiner les cessions », commente Marie Dessaixsur le point de signer plusieurs contrats. <

11.10 2013

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