Ruth Field, 75 ans, vit seule avec ses chats dans une maison de bord de mer. Une nuit, l’héroïne du premier roman de Fiona McFarlane entend des bruits. C’est sûr, un tigre est entré chez elle. La voici qui téléphone aussitôt à l’un de ses fils. Pas à Phillip qui enseigne à Hongkong, mais à Jeffrey qui est aussi loin d’elle, en Nouvelle-Zélande.
Peu à peu, le lecteur fait connaissance avec une dame qui a vécu aux îles Fidji enfant avant de s’installer à Sydney, de se marier avec Harry, de mener une existence ordinaire tout en donnant des leçons d’élocution. Harry, qui lui disait : "Etre heureux, c’est un choix", n’est plus là. Cet ancien avocat a été emporté par une embolie pulmonaire cinq ans plus tôt alors qu’il faisait sa petite promenade quotidienne.
Voilà que Ruth reçoit la visite d’une inconnue. Frida Young lui explique qu’elle est venue s’occuper d’elle. Qu’elle est envoyée par le gouvernement comme aide ménagère. "Je ne suis pas une étrangère et je ne suis pas votre copine : je suis votre bras droit. Je suis l’aide que vous vous accorderez à vous-même", lui dit-elle. Elle viendra chaque matin, tous les jours à la même heure.
Lui donnera un coup de main pour la cuisine, le ménage. Surveillera qu’elle prenne bien ses médicaments et l’aidera à faire de l’exercice. Frida, dont les cheveux sont toujours différents, couleur comme coiffure, vient rompre sa routine. Elle est native des Fidji et n’a jamais vu la neige. Elle conseille à Ruth de vendre sa voiture dont elle n’a plus l’usage, de ne pas manger que des graines de potiron et des sardines à l’huile. Ruth, elle, a une idée en tête : inviter Richard Porter qu’elle n’a pas revu depuis cinquante ans. Elle avait 19 ans, était une jolie blonde quand elle a rencontré ce médecin, à l’époque fiancé à une veuve japonaise…
Fiona McFarlane parle de la vieillesse et de la folie. L’invité du soir joue sur l’ambiance, le mystère avec une grande maîtrise qui lui a valu d’être comparée à Patricia Highsmith. Un compliment nullement usurpé !
Al. F.