L'Historial de la Grande Guerre de Péronne (Somme) s'intéresse à la manière dont les grands écrivains français, allemands et britanniques ont vécu le premier conflit mondial, à travers l'exposition "Ecrivains en guerre" du 28 juin au 16 novembre.
La guerre déclenchée, le pacifiste Romain Rolland peine à faire entendre sa voix, lui qui est infirmier à l'agence des prisonniers de guerre à Genève. Dans le sillage de l'occupation allemande du Nord de la France et du choc de la destruction de la cathédrale de Reims en 1914, Blaise Cendrars appelle lui les étrangers à s'engager pour vaincre les Allemands. La revue littéraire allemande Die Aktion publie elle en première page un portrait de Charles Péguy, mort au combat en septembre 1914.
Très vite, les écrivains découvrent l'horreur des combats, comme Cendrars: "J'ai été plus vif et plus rapide que lui. Plus direct. J'ai frappé le premier. J'ai le sens de la réalité, moi, poète. J'ai agi. J'ai tué. Comme celui qui veut vivre", écrit l'auteur de L'or.
L'exposition montre également la vie au front lors des moments d'accalmie: Georges Duhamel s'exerce à la flûte traversière, Jean Giono envoie à ses parents une lettre intitulée "chers vieux chéris" accompagnée de dessins, Apollinaire écrit à sa maîtresse Marie Laurencin. Autant de moments "qui permettent de ressentir la persistance de la vie et de la création dans un environnement mortifère", expliquent les deux commissaires de l'exposition, Laurence Campa et Philippe Pigeard, à l'AFP.
Photographies et romans récents
Plusieurs photos illustrent l’âpreté des combats, comme celles de l'auteur du "Feu" Henri Barbusse, qui semble frigorifié dans une tranchée enneigée, ou de Roland Dorgelès, à qui l'on doit "Les croix de bois", dans son uniforme de fantassin.
La photographie la plus terrible est sans doute celle montrant Blaise Cendrars amputé de son bras droit, le regard vide. Sa première lettre écrite de la main gauche est exposée, non loin d'une pipe à opium appartenant au poète Joë Bousquet, lui permettant de soulager ses douleurs, lui qui a été touché à la colonne vertébrale par une balle allemande.
"Ecrivains en guerre", qui expose près de 260 objets (lettres, manuscrits, livrets militaires, affiches...), évoque aussi la manière dont des écrivains allemands comme Ernst Jünger ou britannique à l'instar de Wilfred Owen ont traversé "la Der des Der".
La dernière partie de l'exposition n'oublie pas la littérature récente s'inspirant de 14-18, notamment
Les champs d'honneur de
Jean Rouaud (prix Goncourt 1990) ou
Au revoir là-haut de
Pierre Lemaitre (Goncourt 2013).
Cette exposition s'ajoute à la sélection de manifestations littéraires estivales, intitulée
"Le livre part en vacances" et présentée dans le n°1092 de
Livres hebdo, en date du 1
er juillet.